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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Hymans, Henri: Pierre Breughel le Vieux, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0043

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PIERRE BREUGHEL LE VIEUX.

35

Musée des Offices, à Florence. Nous n’affirmons pas que cette der-
nière soit complète. Elle frappe comme ayant été diminuée d’un mor-
ceau. Il y a là comme un grouillement de figures, un fouillis dans
lequel l’air a peine à circuler, absolument comme dans notre estampe.

Vient alors un troisième acte de la fête de noces, une Danse
rustique, au Musée du Belvédère. Les personnages y ont la même
grandeur, et sont évidemment exécutés d’après les mêmes modèles
que ceux du Festin.

On vient de voir la bière émoustiller les danseurs. Inutile de le
dire : la boisson du peuple exaspère sa combativité. Le couteau aura
franc jeu ; sous le pinceau d’un Breughel, les rixes ne sauraient être
moins entraînantes que les danses.

JLa Visite à la ferme, la délicieuse grisaille du Musée d’Anvers ,
est presque l’acte final de cet ensemble rustique. Si le ménage n’est
pas dans la misère, il paraît surtout riche d’enfants. Les largesses du
bourgeois et de la bourgeoise, peut-être Franckert et sa femme, se
motivent par une naissance toute récente. La mère est là qui emmail-
lotte son dernier né. Assise à terre, à la façon des nourrices flamandes
du xiie siècle, elle surveille les autres enfants, à peine vêtus de leurs
petites chemises. Tout cela est pris sur le fait autant que l’entourage.
En y regardant bien nous retrouvons maint accessoire entrevu déjà
précédemment, à commencer par le banc à haut dossier, tout chargé
d’images, où ont pris place une partie des convives du Repas de noces.

Mais pour fréquemment qu’il nous ait été donné, au cours de ce
travail, de signaler l’étrange puissance de réalisation du peintre,
force est de constater aussi que chez Breughel cette faculté-se subor-
donne à un sens esthétique remarquable dans le choix des motifs.
Dans le vaste ensemble de créations portant le nom de Breughel
dont il nous a été possible de faire l’examen, le plus infaillible crité-
rium d’authenticité réside dans la sobriété des éléments que le peintre
admet à intervenir dans ses compositions. Breughel ne souligne pas
plus l’expression qu’il n’aime l’accessoire parasite, défaut premier
de toute la série de ses imitateurs.

Nulle part cette sobriété n’est frappante comme dans l’exquise
composition des Aveugles, dont nous avons eu le privilège de pouvoir I.

I. Cette œuvre ne fait partie du Musée d’Anvers que depuis 1885. Elle provient de
la collection Van der Straelen van Lerius. Nous n’hésitons pas à la restituer à Pierre
Breughel le Vieux, bien qu’elle soit cataloguée sous le nom de son fils. C’est à Jean
Breughel que le catalogue du Belvédère attribue une peinture analogue, exposée
dans le Cabinet vert. Pour celle-ci l’on peut être plus réservé.
 
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