FRANÇOIS RUDE.
II!
n’est qu’en 1852 que les bureaux ressuscitent la question. Divers
projets ont été, paraît-il, étudiés dans l’intervalle, — notamment un
projet de bas-relief représentant les derniers moments du héros.
Seulement, en feuilletant le dossier et en relisant le rapport de Fer-
dinand Barrot, M. de Persigny, devenu ministre de l'Intérieur, fait
plusieurs remarques importantes. Le monument, tel qu’on l’a
imaginé, venge la fin du maréchal sans glorifier manifestement sa
carrière. Il y a là, pour lui, quelque chose de choquant. En outre,
on a trop compté sur les ressources ordinaires affectées aux travaux
d’art et de plus en plus insuffisantes. Il écrit donc au chef de l’Etat :
« J’estime que le monument du maréchal Ney ne doit pas être consi-
déré uniquement comme l’expression d’une réhabilitation tardive,
mais qu’il doit être aussi une sorte d’hommage à la mémoire d’une
de nos plus grandes gloires militaires. Il faut donc, tout en conser-
vant à la composition le caractère simple et sévère arrêté dès le
principe, lui donner une importance plus en rapport avec l’illustration
du personnage et, à cet effet, remplacer le bas-relief de la mort du
maréchal, par une statue du prince de Moskowa en costume mili-
taire. C’est dans cette pensée que l’oeuvre a été définitivement
conçue. Elle représentera le héros sur un piédestal, portant cette
simple inscription : « A la mémoire du maréchal Ney '! »
Cette fois, l’impulsion est sérieuse. Un décret du 22 mars met à
la disposition du ministre un crédit de 50,000 francs, dont 20,000
pour la statue et le reste pour le piédestal. Le 27 mai, Rude et
Alphonse de Gisors, architecte du palais de Luxembourg, sont
chargés, par arrêtés ministériels, l’un de l’architecture et de la
construction, l’autre de l’exécution de la statue. Il est prescrit au
sculpteur de figurer le maréchal en costume militaire, dans la propor-
tion de 2m,70 de hauteur, plinthe comprise, et de faire couler son
modèle de bronze, sur le prix alloué. Le maître, préparé depuis
quelque temps à l’abandon de son premier programme, y renonce
de bonne grâce. Yoici son remerciement à M. de Persigny :
« ... J’accepte sans réserve les conditions que vous m’imposez. Je
ferai tout mon possible pour m’élever à la hauteur du sujet et
mériter l’honneur que vous voulez bien me faire 1 2 3. »
Est-ce d’après la maquette initiale de Rude sur le thème nouveau,
que Gisors a dessiné la statue dont il surmonte son projet de piédes-
1. Rapport de M. de Persigny au prince président, du 22 mars 1852.
2. Billet du 1er juin 1852. Ces divers documents appartiennent aux archives de
la direction des Beaux-Arts, dossier du monument du maréchal Ney.
II!
n’est qu’en 1852 que les bureaux ressuscitent la question. Divers
projets ont été, paraît-il, étudiés dans l’intervalle, — notamment un
projet de bas-relief représentant les derniers moments du héros.
Seulement, en feuilletant le dossier et en relisant le rapport de Fer-
dinand Barrot, M. de Persigny, devenu ministre de l'Intérieur, fait
plusieurs remarques importantes. Le monument, tel qu’on l’a
imaginé, venge la fin du maréchal sans glorifier manifestement sa
carrière. Il y a là, pour lui, quelque chose de choquant. En outre,
on a trop compté sur les ressources ordinaires affectées aux travaux
d’art et de plus en plus insuffisantes. Il écrit donc au chef de l’Etat :
« J’estime que le monument du maréchal Ney ne doit pas être consi-
déré uniquement comme l’expression d’une réhabilitation tardive,
mais qu’il doit être aussi une sorte d’hommage à la mémoire d’une
de nos plus grandes gloires militaires. Il faut donc, tout en conser-
vant à la composition le caractère simple et sévère arrêté dès le
principe, lui donner une importance plus en rapport avec l’illustration
du personnage et, à cet effet, remplacer le bas-relief de la mort du
maréchal, par une statue du prince de Moskowa en costume mili-
taire. C’est dans cette pensée que l’oeuvre a été définitivement
conçue. Elle représentera le héros sur un piédestal, portant cette
simple inscription : « A la mémoire du maréchal Ney '! »
Cette fois, l’impulsion est sérieuse. Un décret du 22 mars met à
la disposition du ministre un crédit de 50,000 francs, dont 20,000
pour la statue et le reste pour le piédestal. Le 27 mai, Rude et
Alphonse de Gisors, architecte du palais de Luxembourg, sont
chargés, par arrêtés ministériels, l’un de l’architecture et de la
construction, l’autre de l’exécution de la statue. Il est prescrit au
sculpteur de figurer le maréchal en costume militaire, dans la propor-
tion de 2m,70 de hauteur, plinthe comprise, et de faire couler son
modèle de bronze, sur le prix alloué. Le maître, préparé depuis
quelque temps à l’abandon de son premier programme, y renonce
de bonne grâce. Yoici son remerciement à M. de Persigny :
« ... J’accepte sans réserve les conditions que vous m’imposez. Je
ferai tout mon possible pour m’élever à la hauteur du sujet et
mériter l’honneur que vous voulez bien me faire 1 2 3. »
Est-ce d’après la maquette initiale de Rude sur le thème nouveau,
que Gisors a dessiné la statue dont il surmonte son projet de piédes-
1. Rapport de M. de Persigny au prince président, du 22 mars 1852.
2. Billet du 1er juin 1852. Ces divers documents appartiennent aux archives de
la direction des Beaux-Arts, dossier du monument du maréchal Ney.