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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 2
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Wyzewa, Teodor de: Thomas Lawrence et la Société anglaise de son temps, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0143

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128

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

portraitiste : c'est la fille d’un pasteur que l’ivrognerie a fait chasser
de sa place; on lui donne une livre par portrait qu’elle fait, et il y a
trois ans qu’en outre des sommes envoyées à ses parents, elle écono-
mise pour avoir un jour de quoi entrer à l’atelier Julian, et apprendre
la peinture.

Les portraits exécutés par Lawrence dans ces années d’enfance
sont, pour la plupart, comme ceux que dessinait à Bath la jeune
miss en lunettes, des portraits de forme ovale représentant le modèle
en buste, grandeur demi-nature. Le charmant portrait de femme de
Lawrence que contient aujourd’hui la petite salle anglaise des pastels,
au Louvre, et qui appartient à une date très postérieure, peut assez
bien donner l’idée de la méthode employée dans ces premiers portraits
du jeune homme. Un des spécimens les plus caractéristiques qui
nous en soient restés est le portrait de la belle Georgina, duchesse de
Devonshire, pieusement conservé encore à Chiswick House. On
possède encore un autre portrait important de cette époque, une
esquisse au crayon de la fameuse Mistress Siddons. Cette esquisse
a été dessinée à Bath en 1782, elle porte une dédicace au comte de
Brühl, et est signée T. Lawrence, œt. 13.

C’est le premier portrait que nous possédions de cette femme
illustre, la plus grande actrice de son temps, et sans doute aussi la
femme de tous les temps dont les peintres ont le plus souvent recom-
mencé le portrait. On sait qu’elle a fourni à Reynolds etàGainsborough
le sujet de deux chefs-d’œuvre, la Muse tragique du Musée de Dulwich
et la Femme au chapeau de la National Gallery. En 1868, l’exposition
de portraits du Musée de South Kensington contenait, entre autres
portraits de Mistress Siddons, une très belle peinture de Romney.
Lawrence devait plus tard retrouver à Londres son ancien modèle
de Bath, et faire d’après elle bien d’autres portraits. Il en fit un, par
exemple, où il représenta mistress Siddons en pied, lisant le Paradis
perdu; ilen exposa d’autres à la Royal Academy, en 1797 et en 1804;
et nous avons bien le souvenir d’en avoir vu une demi-douzaine dans
diverses expositions.

Mistress Siddons appartenait d’ailleurs à une famille qui a fourni
à Lawrence un nombre considérable de modèles, tant pour le portrait
que pour la grande composition allégorique. Elle était la fille du
comédien Roger Kemble, la soeur de la charmante actrice Mistress
Twiss, dont nous avons aussi le portrait par Reynolds (1784), et aussi
du fameux John Philip Kemble, dont Lawrence a fait tour à tour un
Hamlet, un Caton, un Coriolan, un Richard III, etc. On sait enfin que
 
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