Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Champeaux, Alfred de: L' art décoratif dans le vieux Paris, 4
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0170

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
154

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

L’annonce de la mise en vente des boiseries qui décoraient le
vaste hôtel de la rue du Bac, n° 46, eut un grand retentissement
dans le monde de la curiosité. Par un hasard singulier, ces boiseries
étaient presque inconnues, aucune description ancienne ne les men-
tionnant, et on apprenait tout à la fois leur valeur artistique et le
prix élevé qu’en avait donné un grand marchand, M. Montvallat. Les
chercheurs se mirent à l’œuvre, et l’on sut bientôt que cet hôtel
avait été construit par le fils aîné du banquier Samuel Bernard ', le
financier le plus puissant de la fin du règne de Louis XIV, auquel le
grand roi ne dédaigna pas plusieurs fois de recourir personnelle-
ment, afin d’obtenir des subsides pour ses armées.

Lorsque Samuel Bernard mourut, en 1739, il possédait vingt châ-
teaux ou seigneuries, et les plus nobles familles avaient brigué la
main de ses filles, pour redorer leur blason. Son fils aîné, Jacques
Samuel Bernard, surintendant de la maison de la reine, abandonna
la demeure paternelle de la place des Victoires pour faire construire
rue du Bac le vaste hôtel qui subsiste encore, dépouillé de ses orne-
ments artistiques. D’après les papiers de la famille Bernard retrouvés
dans les minutes d’une étude de notaire parisien, la vérification seule
des travaux exécutés dans cette nouvelle maison se serait élevée à la
somme de 33,200 livres. Ce n’était, d'ailleurs, que l’une des moindres
entreprises de Jacques Bernard, qui fit en mourant (1753), une
énorme banqueroute frauduleuse. Ce fut une ruine scandaleuse pour
le crédit public, et Voltaire ne craignit pas de flageller « les imper-
tinentes magnificences de Bernard ».

La façade de la maison n’annonce pas les merveilles de l’intérieur,
elle n’offre de remarquable qu’une grande porte à deux vantaux
sculptés garnis de leur marteau en fer. Les clefs de fenêtres, les
vases et les consoles à mascarons sont d’un style assez froid malgré
leur importance. La cour intérieure est circonscrite par deux ailes
se terminant en pavillons arrondis, dont les balcons de ferronnerie
et les consoles présentent une disposition originale; elle se termine
par un jardin fermé d’une grille, dans lequel on voyait encore une
fontaine de plomb composée d’une vasque supportant un groupe
d’animaux placés entre des roseaux et des mascarons d’un beau
caractère. Une statue d’Apollon qui surmontait ce petit monument
avait été précédemment acquise par un amateur anglais.

1. Y. C. Read, Bulletin de la Société du protestantisme français (15 février 1887);
Augé de Lassus, Bulletin de la Société des amis des monuments parisiens, 1887, et
L. Gonse, Chronique des Arts, 1887, p. 188-89.
 
Annotationen