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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
gneux qu’auparavant, il promettait toujours de revenir1. Cinq
années s’écoulèrent ainsi. En 1462 seulement, on estima qu’il
« avoit receu plus qu’il ne lui pouvoit estre deu », et que « s’en
attendre à lui, on n’en auroit jamais la fin » 2; alors seulement se
décida-t-on à pourvoir, sans lui, au malencontreux tombeau.
On commença par où l’on aurait dû débuter vingt ans plus tôt,
par faire venir le marbre noir de Dinant qui, depuis 1435, attendait à
Mézières d’être employé à la structure du monument de Dijon 3 ; puis,
par confier toute la tâche de cette structure4 à deux entrepreneurs
aussitôt mis au travail : Jean de Mousterot, le maître des œuvres de
maçonnerie du duc, dont il a été précédemment question, et un
« tailleur_de~marbre » de Namur, un certain « Girard des Frères
Mineurs », adjudicataire déjà du transport du marbre de Mézières à
la Chartreuse. En vue de la réfection des gisants, l’albâtre de Salins
n’ayant pas été jugé assez bon, on eut recours à d’autres carrières de
Franche-Comté : « la perrière d’alabastre » de Foncine, dans les
montagnes du Jura, fournit deux « grans quartiers » amenés à Dijon 5,
et pour assurer au successeur éventuel de La Huerta tout le choix
désirable, trois autres « quartiers d’alebasti’e » furent tenus prêts à
« la perrière » de Saint-Lothain, près de Poligny 8.
Il ne s’agissait plus que de trouver un imagier habile. Les gens
des comptes à Dijon n’en découvraient point autour d’eux; le duc
avait bien, à diverses reprises, manifesté le désir de voir enfin acti-
ver l’ouvrage ; mais, toujours éloigné de Bourgogne, de plus graves
soucis continuaient à l’absorber. La piété filiale d’une des sœurs de
Philippe le Bon assuma ce soin. Agnès de Bourgogne, duchesse de
Bourbon, entre alors en scène. Un artiste dont elle avait été à même
d’apprécier le talent, le maître sculpteur Jacques Morel7 qui, lui',
avait terminé en quelques années, pour cette princesse et son mari,
1-2. Arch. de la Côte-d'Or, liasse citée B 310.
3. Ibid., et, B 1747, f. 100 r» et y», 109 y», 170 v°-B 1730, f. 220-227. — Alex.
Pinchart, Arch. des arts, t. I, p. 200-201.
4. Cette tâche consistait à » tailler, pollir, moler et asseoir les pierres de
mabre noir neccessaires pour la tombe et sépulture ». Arch. de la Côte-d'Or,
B 1737, f. 107.
3. Arch. de la Côte-d’Or, B 310 et B 1730, f. 223-220.
0. Ibid., B 310.
7. Sur ce sculpteur, cf. l’étude de M. Courajod (Gazette archéologique, 1883,
p. 230-233) et la notice de M. Natalis Rondot (Réunion des Sociétés des Beaux-Arts
des départements... T889, p. 022-033).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
gneux qu’auparavant, il promettait toujours de revenir1. Cinq
années s’écoulèrent ainsi. En 1462 seulement, on estima qu’il
« avoit receu plus qu’il ne lui pouvoit estre deu », et que « s’en
attendre à lui, on n’en auroit jamais la fin » 2; alors seulement se
décida-t-on à pourvoir, sans lui, au malencontreux tombeau.
On commença par où l’on aurait dû débuter vingt ans plus tôt,
par faire venir le marbre noir de Dinant qui, depuis 1435, attendait à
Mézières d’être employé à la structure du monument de Dijon 3 ; puis,
par confier toute la tâche de cette structure4 à deux entrepreneurs
aussitôt mis au travail : Jean de Mousterot, le maître des œuvres de
maçonnerie du duc, dont il a été précédemment question, et un
« tailleur_de~marbre » de Namur, un certain « Girard des Frères
Mineurs », adjudicataire déjà du transport du marbre de Mézières à
la Chartreuse. En vue de la réfection des gisants, l’albâtre de Salins
n’ayant pas été jugé assez bon, on eut recours à d’autres carrières de
Franche-Comté : « la perrière d’alabastre » de Foncine, dans les
montagnes du Jura, fournit deux « grans quartiers » amenés à Dijon 5,
et pour assurer au successeur éventuel de La Huerta tout le choix
désirable, trois autres « quartiers d’alebasti’e » furent tenus prêts à
« la perrière » de Saint-Lothain, près de Poligny 8.
Il ne s’agissait plus que de trouver un imagier habile. Les gens
des comptes à Dijon n’en découvraient point autour d’eux; le duc
avait bien, à diverses reprises, manifesté le désir de voir enfin acti-
ver l’ouvrage ; mais, toujours éloigné de Bourgogne, de plus graves
soucis continuaient à l’absorber. La piété filiale d’une des sœurs de
Philippe le Bon assuma ce soin. Agnès de Bourgogne, duchesse de
Bourbon, entre alors en scène. Un artiste dont elle avait été à même
d’apprécier le talent, le maître sculpteur Jacques Morel7 qui, lui',
avait terminé en quelques années, pour cette princesse et son mari,
1-2. Arch. de la Côte-d'Or, liasse citée B 310.
3. Ibid., et, B 1747, f. 100 r» et y», 109 y», 170 v°-B 1730, f. 220-227. — Alex.
Pinchart, Arch. des arts, t. I, p. 200-201.
4. Cette tâche consistait à » tailler, pollir, moler et asseoir les pierres de
mabre noir neccessaires pour la tombe et sépulture ». Arch. de la Côte-d'Or,
B 1737, f. 107.
3. Arch. de la Côte-d’Or, B 310 et B 1730, f. 223-220.
0. Ibid., B 310.
7. Sur ce sculpteur, cf. l’étude de M. Courajod (Gazette archéologique, 1883,
p. 230-233) et la notice de M. Natalis Rondot (Réunion des Sociétés des Beaux-Arts
des départements... T889, p. 022-033).