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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 13
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0241

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220

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de sa main, la sincérité de ses yeux, et, surtout, l'affection de son cœur.
Vous riez à me voir ciseler tous ces boutons... Parbleu ! ce sont les
boutons de ma nièce et cela m'amuse, moi, de les traiter en lapidaire.
J’ai poussé le modelé de sa figure aussi loin que j’ai pu. Voyez donc
les méplats du menton, les détails du cou et des joues... Mais, que
diable, Mme Cabet Van der Haërt n’est pas une déesse : c’est une
bonne petite femme du temps présent...1 »

Vers la même époque, Cabet a entrepris un buste du maître, pour
lequel celui-ci ne cesse point de lui recommander la largeur. La
grande barbe s’étale amplement sur le gilet à double rang de petits
boutons, la vaste redingote se rejette en arrière. Sur le côté droit
du crâne, se pose le bonnet grec. On a l’impression d’une familiarité
complète. Le vieillard vous envisage et vous parle d’un ton de
bonhomie. Ses traits s’accusent, taillés en force sous la mobilité de
l’épiderme et l’abord est tout bienveillant. Rude, pendant que tra-
vaille son disciple, ne peut s’empêcher de venir, à chaque instant,
donner son coup de pouce à l’œuvre. Au début, il reproche à Cabet
de lui prêter un air « trop historique »; ensuite, d’adopter une fac-
ture mièvre « comme s’il s’agissait d’une femmelette ». A plusieurs
reprises, dit-on, il prend le malin plaisir d’écraser une boulette
d’argile sur tel ou tel morceau déjà très avancé et de le refaire à son
goût, en riant. Ce dont tout le monde est d’accord, c’est que ce beau
portrait, d’un style sérieux et sobre, où il apparaît au naturel, avec
son signe au bord de la paupière gauche, est, pour une bonne part,
son propre ouvrage1 2.

Un autre buste se voit encore dans son atelier : le buste de James
Demontry, ancien représentant de la Côte-d’Or, mort du choléra, à
Cologne, en 1849. Une souscription publique s’est ouverte à Dijon
pour lui élever un tombeau au cimetière de la ville. Le portrait du
mort a été modelé très consciencieusement par un élève de Rude, le
jeune sculpteur Armand Blanc, mais le maitre s’est chargé de le

1. Le curieux et charmant buste en marbre de Mme Cabet Van de Haërt a été
légué au Louvre, par Mm0 Françoise Fabert, née Cabet, fdle du modèle, morte le
ü janvier 1881. On le voit, actuellement, dans la salle Rude, au rez-de-chaussée de
notre Musée national.

2. Le modèle en plâtre de ce portrait se trouve au Musée de Dijon. Deux
exemplaires en bronze en ont été placés, l’un au cimetière Montparnasse, sur le
tombeau du sculpteur; l’autre, dans le parc Noisot, à Fixin, à quelques pas du
Réveil de Napoléon. En outre, un exemplaire en marbre figure au Musée de
Versailles.
 
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