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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 3
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Lefort, Paul: Charles Chaplin: les artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0272

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ainsi que la salle de bains de l’impératrice où il peignit, sur les
glaces, qui en ornaient les côtés, huit panneaux et quatre dessus de
porte.

Cette même année, il exposait au Salon, deux tableaux composés
dans la manière de Chardin, le Château de caries et le Loto; dans le
premier, une jeune fille, tenant un tricot de laine rouge sur ses
genoux, regarde une enfant très occupée à élever un château de
cartes; la jeune fille a un peignoir de soie bleue, la petite, un corsage
rose; dans le second, trois petites filles jouent au loto; l’une, assise
et vue de dos, avec un peignoir bleu ciel, est dans la demi-teinte; la
seconde est à demi cachée derrière elle; la troisième, debout, en vive
lumière, se détache sur un lambris clair, avec un petit bonnet chif-
fonné, un corsage rose et un jupon blanc; dans sa petite main,
adroitement dessinée, elle tient un numéro qu’elle va poser sur
son carton. « C’est très naïf et très gentil », écrit W. Bürger dans
son compte rendu du Salon de 1865. « M. Chaplin a répété cette
composition, ajoute le critique, dans une aquarelle plus charmante
encore que sa peinture. Car, il faut bien le dire, le talent de M. Cha-
plin est un peu le talent d’un aquarelliste qui trouve des tons légers
et vaporeux, sans la consistance nécessaire pour obtenir le relief. »
Bürger avait raison; si, par leur composition, ces deux tableaux
s’inspiraient des sujets chers à Chardin, il s’en fallait que leur exécu-
tion rappelât l’ampleur et la fermeté de ses pratiques. Comme faire,
à cette date, Chaplin est bien plus près de Liotard et de Lépicié, que
du peintre du Bénédicité. L’influence de Lépicié est surtout évidente
dans les Bulles de Savon, du Salon de 1864, que le Musée du Luxem-
bourg a possédées pendant quelque temps, et celle de Liotard, dans
la Jeune fille au plateau, du Salon de 1870.

En fait, s’il s’en fût tenu à « ces très naïfs et très gentils » sujets
de genre, ainsi que les qualifiait Bürger, Chaplin, comme tant
d’autres de ses émules, un moment mis à la mode, puis vite oubliés,
n’occuperait qu’une bien petite place dans l’histoire de l’École con-
temporaine. Heureusement pour l’artiste, la peinture décorative et le
portrait qu’il ne cesse de pratiquer,.élèvent de plus en plus son goût,
élargissent sa méthode en le contraignant à l’observation attentive
des formes éclairées et, lentement, mais sûrement, le font progresser,
assouplir sa touche et accomplir, enfin, son évolution originale et
dernière.

De 1865 à 1870, l’artiste est chargé de décorer plusieurs hôtels par-
ticuliers, à Paris, à Bruxelles, à La Haye et à New-York; il peint,
 
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