Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Phillips, Claude: La "Guelph Exhibition" à la New Gallery et l'exposition des maîtres anciens à la Royal Academy: correspondance d'Angleterre
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0279

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.

257

tants ni les plus célèbres de la nombreuse série qu’il en peignit, rendent à
merveille, dans sa première fraîcheur, la beauté vraiment divine de la maîtresse
de Nelson. On est à même de vérifier que ses cheveux étaient en effet de ce beau
roux doré qu’affectionnait Romney, rien qu’en se donnant la peine d’examiner
certaines mèches qu’elle en coupa et donna à quelques amis en 1790, et qu’un
collectionneur de pareilles reliques a envoyées à l’exposition. L’épouse morgana-
tique, depuis reniée et délaissée, de Georges IV, — la belle Mrs Fitzherbert, —
apparaît deux fois, d’abord, dans un ravissant portrait de Gainsborough, puis
dans une esquisse de Reynolds, qui tous les deux font valoir sa beauté délicate et
distinguée; et à côté d’elle nous trouvons une autre passion du roi, la charmante
Perdita, de son vrai nom Mrs Mary Robinson, que Reynolds fait ici revivre dans
une de ses pages les plus vibrantes et les plus admirables de couleur.

Romney avait aussi immortalisé dans plus d’un portrait les traits d’une autre
comédienne célèbre, Mrs Jordan, qui fut longtemps la maîtresse, ou si l’on veut,
l’épouse morganatique de Guillaume IV ; cette aimable personne ne nous appa-
raît ici que portraiturée par un peintre inférieur.

Mais c’est la longue série de portraits des héros, des grands hommes d’État,
des poètes et prosateurs, des comédiens célèbres de cette époque si bien remplie
qui constitue le véritable attrait de l’exposition. Tout un ensemble de toiles d’une
considérable valeur artistique fait revivre les vaillants chefs auxquels l’Angleterre
doit sa principale gloire et sa suprématie sur les flots. Voici Earl Saint-Vincent
par sir William Beechey, puis les deux célèbres frères Lord Bridport etLordHood,
le premier par Abbott, le second par West; puis Lord Collingwood par Howard,
et beaucoup d’autres encore. La place d’honneur est occupée comme de droit par
un portrait, agréable plutôt que puissant ou vraiment personnel, de lord Nelson,
dû au pinceau de S.-F. Rigaud. 11 apparaît cependant plus vivant et plus carac-
térisé dans un petit portrait en pied par Guzzardi, où sans flatterie aucune le
peintre le fait voir tel qu’il était quand, estropié déjà et usé par les fatigues de
ses combats, il sut gagner le cœur de la romanesque quoique peu naïve lady
Hamilton. Le type du duc de Wellington, même au début de sa carrière militaire,
n’a pu être aussi dépourvu de caractère qu’il apparaît dans la trop aimable
peinture de Hoppner ; un grand portrait en pied de Weigall rend fidèlement,
quoique avec un certain poncif, les traits de l’homme mûr tel que nous le
connaissons tous. On a emprunté au tragédien Henry Irving, je ne sais trop
pourquoi, un portrait de Napoléon I'r (par T. Phillips) ; l’empereur apparaît ici
solitaire et tragique au milieu de ses adversaires, faisant face à un Blücher mous-
tachu et chargé de décorations. Pitt, comte de Chatham, n’est que faiblement
portraituré à la New Gallery, oû j’aurais voulu voir cette grande page de Copley
à la National Gallery, qui rend d’une façon si dramatique l’émouvante scène de
sa mort. En revanche son fils, le non moins célèbre William Pitt, a été représenté
d’abord, dans l’adolescence, par Romney, qui lui prête un aspect des plus sédui-
sants; puis, dans sa maturité précoce, dans un portrait archi-connu et souvent
répété de Gainsborough. Charles-James Fox revit d’abord dans un tableau de
Reynolds, puis dans une petite toile tort curieuse qui nous le montre d’une obésité
étrange et invraisemblable, en train d’adresser une harangue à la Chambre des
Communes.

Mais laissons la guerre et la politique pour aborder la galerie consacrée aux
v. — 3e période. 33
 
Annotationen