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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
a encore été plus maltraité. Jusqu’à ces dernières années, il avait
conservé une belle ordonnance extérieure, qu’il a perdue dans les
travaux d’agrandissement de cette administration. La décoration
des appartements que l’architecte Leroux avait dessinée pour les
Villeroy, a entièrement disparu pour faire place à des tentures
modernes. Le seul ouvrage artistique survivant est la rampe en fer de
l’escalier aux chiffres enlacés de Louis XIY, dont la composition est
proche parente de celle de l’ancien palais de Mazarin. Dans la mai-
son voisine dépendant du ministère, l’un des directeurs a son
cabinet dans un salon à boiseries sculptées, avec des dessus de porte
peints en grisaille qui datent de l’époque de Louis XVI.
La rue de Varennes se termine par une vaste propriété (n° 77)
qui, avec les hôtels de Monaco et de Matignon, est l’un des derniers
spécimens de ces demeures ayant bien plus l’aspect de châteaux que
d’hôtels, et dont la construction n’était possible que dans un temps
où le terrain n’avait pas une valeur appréciable. Cet hôtel, commencé
en 1729 par l’architecte Gabriel, avec la collaboration du décorateur
Aubert, pour M. Peirenc de Moras, fut augmenté considérablement
par la duchesse du Maine en 1738. Il appartint ensuite à la famille
de Biron, avant d'être acquis par le couvent du Sacré-Cœur. Malgré
l’attribution des plans à Gabriel et à Aubert, les dispositions exté-
rieures et intérieures de l’édifice présentent de trop étroites affinités
avec le style de Boffrand, pour ne pas supposer que la duchesse du
Maine se soit adressée à lui, afin de compléter l’œuvre de ses devan-
ciers. Le principal corps de logis regardant le jardin est surmonté
d’un fronton où sont sculptées deux figures allégoriques accompa-
gnées d’enfants, dont la maison de Lebrun, rue du Cardinal-Lemoine,
offre la diposition presque identique. Le grand balcon, en fer forgé,
est soutenu par quatre consoles d’un beau dessin, entre lesquelles
sont placées des têtes de femmes auxquelles on pourrait reprocher
une largeur exagérée. Ce corps de logis était primitivement terminé
par un comble qui est remplacé par une terrasse écrasante. Jusqu’à
ces dernières années, les appartements de l’hôtel de Biron avaient
conservé leur décoration du xvin0 siècle, l’une des plus importantes
qui fût à Paris. Malheureusement, la mode de la modernisation vint
pénétrer jusque dans l’intérieur paisible du couvent, et un jour la
supérieure crut agir au mieux des intérêts de la communauté, en
cédant toutes les boiseries sculptées des salons à un particulier qui
s’engageait, en retour, à les remplacer par une menuiserie courante,
à repeindre et à tendre de papier toutes les pièces. Eclairée sur la
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a encore été plus maltraité. Jusqu’à ces dernières années, il avait
conservé une belle ordonnance extérieure, qu’il a perdue dans les
travaux d’agrandissement de cette administration. La décoration
des appartements que l’architecte Leroux avait dessinée pour les
Villeroy, a entièrement disparu pour faire place à des tentures
modernes. Le seul ouvrage artistique survivant est la rampe en fer de
l’escalier aux chiffres enlacés de Louis XIY, dont la composition est
proche parente de celle de l’ancien palais de Mazarin. Dans la mai-
son voisine dépendant du ministère, l’un des directeurs a son
cabinet dans un salon à boiseries sculptées, avec des dessus de porte
peints en grisaille qui datent de l’époque de Louis XVI.
La rue de Varennes se termine par une vaste propriété (n° 77)
qui, avec les hôtels de Monaco et de Matignon, est l’un des derniers
spécimens de ces demeures ayant bien plus l’aspect de châteaux que
d’hôtels, et dont la construction n’était possible que dans un temps
où le terrain n’avait pas une valeur appréciable. Cet hôtel, commencé
en 1729 par l’architecte Gabriel, avec la collaboration du décorateur
Aubert, pour M. Peirenc de Moras, fut augmenté considérablement
par la duchesse du Maine en 1738. Il appartint ensuite à la famille
de Biron, avant d'être acquis par le couvent du Sacré-Cœur. Malgré
l’attribution des plans à Gabriel et à Aubert, les dispositions exté-
rieures et intérieures de l’édifice présentent de trop étroites affinités
avec le style de Boffrand, pour ne pas supposer que la duchesse du
Maine se soit adressée à lui, afin de compléter l’œuvre de ses devan-
ciers. Le principal corps de logis regardant le jardin est surmonté
d’un fronton où sont sculptées deux figures allégoriques accompa-
gnées d’enfants, dont la maison de Lebrun, rue du Cardinal-Lemoine,
offre la diposition presque identique. Le grand balcon, en fer forgé,
est soutenu par quatre consoles d’un beau dessin, entre lesquelles
sont placées des têtes de femmes auxquelles on pourrait reprocher
une largeur exagérée. Ce corps de logis était primitivement terminé
par un comble qui est remplacé par une terrasse écrasante. Jusqu’à
ces dernières années, les appartements de l’hôtel de Biron avaient
conservé leur décoration du xvin0 siècle, l’une des plus importantes
qui fût à Paris. Malheureusement, la mode de la modernisation vint
pénétrer jusque dans l’intérieur paisible du couvent, et un jour la
supérieure crut agir au mieux des intérêts de la communauté, en
cédant toutes les boiseries sculptées des salons à un particulier qui
s’engageait, en retour, à les remplacer par une menuiserie courante,
à repeindre et à tendre de papier toutes les pièces. Eclairée sur la