L’ART DÉCORATIF DANS LE VIEUX PARIS.
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valeur de ce qu’elle cédait, la communauté voulut rompre ce marché,
mais ce ne fut qu’au moyen d’une indemnité considérable. Les boise-
ries ne devaient pas profiter longtemps de cette accalmie. Le bruit
de cette cession et de l’expertise qui l’avait suivie, avait attiré
l’attention des marchands ainsi que celle des amateurs, et la commu-
nauté ne résista pas aux propositions dorées qui lui furent faites.
Tous les détails de cette vente ne sont pas connus, mais on sait
cependant que ces salons ont été partagés entre plusieurs membres
de la famille de Rothschild; six auraient été transportés en Angleterre
chez le baron Ferdinand, tandis que le baron Albert, de Vienne, deve-
nait propriétaire d’un salon ovale, et que son cousin le baron Edmond
en acquérait deux autres, dont l’un a été disposé pour décorer son
cabinet dans l’hôtel qu’il possède au faubourg Saint-Honoré. Deux
de ces décorations sont restées en place. La première, bien complète,
est un salon orné de panneaux, de pilastres, de portes à encadre-
ments et d’une corniche à médaillons, composés dans le meilleur
style de la première période de Louis XV. La pièce qui lui fait suite
est de forme ronde et surmontée d’un plafond à voussure. Tout
autour régnent des pilastres corinthiens, dont les intervalles présen-
tent des baies cintrées autrefois occupées par des glaces ou des pein-
tures aujourd’hui disparues. Malgré l’originalité de sa disposition,
cette pièce ne présente pas le charme et l’unité du salon précé-
dent.
M. C. Daly a signalé, dans la rue Saint-Guillaume *, une petite porte
de l’époque de Louis XV, et une grande porte moulurée à trophées
d’armes en haut-relief et à rosace de style Louis XIV, qui ont été
démolies il y a quelques années pour faire place à des maisons nou-
velles, ainsi qu’un œil-de-bœuf Louis XV, avec un cadre à coquille
au-dessus d’un masque d’Hercule, encore en place au n° 22. L’hôtel
n° 14 possède Tune des plus belles portes de la capitale, sur les van-
taux de laquelle sont sculptés, avec une habileté magistrale, des
trophées et des masques du goût le plus délicat. L’hôtel suivant,
n° 16, a appartenu à la famille de Mortemart avant de passer aux
comtes de Guébriant. Meissonnier en avait dessiné les principaux orne-
ments intérieurs. Dans la rue de la Chaise, la maison n° 3 offre une
porte d’un beau profil, ornée d’oves en saillie du style Louis XVI, et
celle portant le n° 9, un grand portail de la même époque, dont
l’ordonnance est largement dessinée.
1. C. Daly, Motifs extérieurs, t. II, pl. 13 et 27
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valeur de ce qu’elle cédait, la communauté voulut rompre ce marché,
mais ce ne fut qu’au moyen d’une indemnité considérable. Les boise-
ries ne devaient pas profiter longtemps de cette accalmie. Le bruit
de cette cession et de l’expertise qui l’avait suivie, avait attiré
l’attention des marchands ainsi que celle des amateurs, et la commu-
nauté ne résista pas aux propositions dorées qui lui furent faites.
Tous les détails de cette vente ne sont pas connus, mais on sait
cependant que ces salons ont été partagés entre plusieurs membres
de la famille de Rothschild; six auraient été transportés en Angleterre
chez le baron Ferdinand, tandis que le baron Albert, de Vienne, deve-
nait propriétaire d’un salon ovale, et que son cousin le baron Edmond
en acquérait deux autres, dont l’un a été disposé pour décorer son
cabinet dans l’hôtel qu’il possède au faubourg Saint-Honoré. Deux
de ces décorations sont restées en place. La première, bien complète,
est un salon orné de panneaux, de pilastres, de portes à encadre-
ments et d’une corniche à médaillons, composés dans le meilleur
style de la première période de Louis XV. La pièce qui lui fait suite
est de forme ronde et surmontée d’un plafond à voussure. Tout
autour régnent des pilastres corinthiens, dont les intervalles présen-
tent des baies cintrées autrefois occupées par des glaces ou des pein-
tures aujourd’hui disparues. Malgré l’originalité de sa disposition,
cette pièce ne présente pas le charme et l’unité du salon précé-
dent.
M. C. Daly a signalé, dans la rue Saint-Guillaume *, une petite porte
de l’époque de Louis XV, et une grande porte moulurée à trophées
d’armes en haut-relief et à rosace de style Louis XIV, qui ont été
démolies il y a quelques années pour faire place à des maisons nou-
velles, ainsi qu’un œil-de-bœuf Louis XV, avec un cadre à coquille
au-dessus d’un masque d’Hercule, encore en place au n° 22. L’hôtel
n° 14 possède Tune des plus belles portes de la capitale, sur les van-
taux de laquelle sont sculptés, avec une habileté magistrale, des
trophées et des masques du goût le plus délicat. L’hôtel suivant,
n° 16, a appartenu à la famille de Mortemart avant de passer aux
comtes de Guébriant. Meissonnier en avait dessiné les principaux orne-
ments intérieurs. Dans la rue de la Chaise, la maison n° 3 offre une
porte d’un beau profil, ornée d’oves en saillie du style Louis XVI, et
celle portant le n° 9, un grand portail de la même époque, dont
l’ordonnance est largement dessinée.
1. C. Daly, Motifs extérieurs, t. II, pl. 13 et 27