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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 4
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Schefer, Charles: Note sur les miniatures ornant un manuscrit de la relation du voyage d'outremer de Bertrandon de la Brocquière
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0319

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292

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Bertrandon de la Brocquière était avant tout un homme de guerre.
Son attention ne se porta à Damas que sur la fabrication des miroirs
ardents en acier et sur celle des lames de sabre. Belon, qui visita
Damas vers le milieu du xvie siècle, alors que cette ville était tombée
sous la domination des Turcs et que son industrie commençait à
déchoir, nous donne sur les ouvrages en cuivre et en acier des détails
qui méritent d’être rapportés. Il nous dit dans ses « Observations de
plusieurs singularitez et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie,
Judée, Arabie, etc. » : « Le fer, l’acier et le cuivre y estans apportez
d’ailleurs, reçoivent la trempe et la préparation qui les rend plus
parfaits. Et de vray sont gens qui sçavent fort bien graver et entailler
sur l’acier et sur l’œrain. L’ouvrage en œrain, acier et cuyvre fait à
Damas est incontinent enlevé et porté au Cayre et à Constantinople. »
Belon nous rapporte également ce fait curieux qui mérite une atten-
tion particulière : « Les Vénitiens tiennent un officier en Damas
pour le trafic de la marchandise qui est comme un consul, bailli ou
baillif. Il meine des artisans de Venise pour s’en servir, car estant
homme de réputation, meine un cousturier, cordonnier, barbier,
médecin et apoticaire, vestus à la manière de son pays, comme aussi
de plusieurs autres mestiers. » Ces derniers mots de Belon nous
autorisent à croire que des artisans vénitiens se rendaient à Damas
dans le cours du xve et du xvie siècle pour se perfectionner dans l’art
d’émailler le verre, de graver et d’incruster le cuivre all’agemina.
Ce sont, sans aucun doute, ces gens « de plusieurs autres mestiers »
qui ont porté à Venise les procédés des arts de l’Orient.

Les villes de la Syrie et de l’Asie Mineure renfermaient au
xve siècle un grand nombre de magnifiques monuments dus à la
munificence des princes de differentes dynasties. Bertrandon de la
Brocquière n’en mentionne aucun, mais il décrit avec soin les forti-
fications qui défendaient Hamah, Konia et Brousse. Dans cette
dernière ville, il est frappé par la beauté des mausolées des souverains
ottomans et par la richesse du bazar où l’on trouvait en profusion
des perles et des pierreries, ainsi que de merveilleuses étoffes de
soie et de coton. Lorsqu’il prit la route de Constantinople, les
marchands génois en la compagnie desquels il voyageait lui conseil-
lèrent, dans l’intérêt de sa sécurité, d’abandonner le turban pour la
coiffure des Turcs.

Bertrandon suivit ce conseil qui était excellent et il acheta ce
« rouge chappeau hault et une buvette de fil d’arçal » dont nous le
voyons coiffé lorsqu’il se présente devant le duc de Bourgogne. Pen-
 
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