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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 4
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Schlumberger, Gustave: Les nouvelles acquisitions du Louvre, 1, Un triptyque byzantin en ivoire
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0323

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296

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

extrémités supérieures de la plinthe. — Ces menus détails sont fort
intéressants. Ils nous montrent que dès l’origine cet objet dut être
destiné à être accroché contre une muraille. Bien rares sont les
triptyques de cette époque qui sont ainsi munis de leurs plus infimes
accessoires tout à fait complets.

Je passe à la description des sujets représentés sur les deux faces
du triptyque. Ce sont comme toujours des effigies de saints, accom-
pagnées, suivant un usage presque invariable, d’inscriptions donnant
les noms de ces pieux personnages. Mais, cette fois, l'art byzantin
n’a jamais rien produit de plus beau en même temps que de plus
délicieux. Ces gracieuses et nobles figurines, d’un travail serré
bien que plein de souplesse, sont de vraies statues vivantes et pen-
santes. Les mouvements sont d’une vérité exquise, sans raideur;
les expressions si variées, chacune parfaitement accusée, sont
extraordinaires de vie, de dévotion, de recueillement sublime; les
têtes, si fermement modelées, jeunes ou vieilles, sont bien celles
de ces pieux confesseurs, de ces ardents martyrs, idéalisés par la
souffrance victorieusement subie, par l’espoir des palmes éternelles ;
les vêtements de guerre ou d’église sont merveilleusement repro-
duits, également -sans raideur aucune; les plis sont d’une étrange
souplesse. Avec cela les moindres objets, les petits ornements des
costumes, les bordures, les poils de la barbe,les longs cheveux bouclés,
jusqu’aux cordelettes des sandales, sont minutieusement indiqués
avec les détails les plus fouillés, et ces détails mêmes ne nuisent en
rien à l’impression de grandeur qui se détache de l’ensemble. Les
plus gracieux maîtres du xve siècle florentin n’ont pas créé de types
plus charmants. Où donc, dans ce beau triptyque, pourrait-on
relever la plus légère trace de cette froideur qu’on a tant reprochéa
aux artistes byzantins, et que n’a, en somme, jamais connue leur art
alors qu’il était à son apogée, mais seulement lors de sa longue et
triste décadence.

Je commence par décrire la face antérieure. Le panneau central
est divisé en deux registres par une bande recouverte de fleurs de
lis, très finement sculptées, placées alternativement la pointe en
bas et en haut. Le registre supérieur porte la représentation certai-
nement la plus souvent reproduite à Byzance, mais qui est ici d’une
véritable grandeur : le Christ entre la Yierge et saint Jean qui
l’adorent. Ces trois figures sont d’une grâce exquise et d’une par-
faite majesté. Il est impossible de ne pas se sentir le cœur plein
d’admiration pour l’ouvrier inconnu qui a sculpté ces délicates
 
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