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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 4
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Schlumberger, Gustave: Les nouvelles acquisitions du Louvre, 1, Un triptyque byzantin en ivoire
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0325

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298

GAZETTE UES BEAUX-ARTS.

merveilles, qui a créé l’attitude de la Vierge pleine d’une si profonde
et douce piété. Avec quelle grâce touchante et en même temps quelle
complète aisance, la sainte Téotokos incline sa tête souffrante vers
son fils adorable. Certes, je le répète, cette suave figure peut lutter
de grâce pieuse avec les plus belles créations des vieux maîtres
d’Italie, et nous sommes ici à cinq siècles de distance! Saint Jean, de
même, se courbe devant son Dieu avec une expression de tendresse
infinie. La tête du Précurseur, du Prodrome, comme l’appelaient les
Byzantins, est d’un modelé superbe. Son attitude est pleine de sin-
cérité. Le Christ est représenté bénissant à la grecque, tenant un
évangéliaire à la couverture d’ivoire, assis dans une cathédrale d’une
grande richesse au coussin somptueux. Ses pieds reposent sur un
tabouret à arcatures élégantes. De chaque côté de sa tête figure dans
un médaillon une ravissante tête d’ange tenant un disque.

Le registre inférieur comprend cinq magnifiques figures d’apôtres
reconnaissables aux types si caractérisés que leur attribue constam-
ment l’iconographie byzantine : au centre saint Pierre à la barbe
taillée en rond, à sa droite saint Jean Théologue et saint Jacques
le Majeur son frère, à sa gauche saint Paul au front chauve, à la barbe
bifide, et saint André. Chacun de ces saints personnages tient le
volumen ou le codex à la riche couverture.

Sur la plinthe supérieure, parmi des feuilles de vigne, trois petits
médaillons contiennent les bustes des saints Jérémie, Elie et Isaac.
Ce sont de vrais bijoux. Les noms sont gravés sur la tranche même.

Les faces antérieures des deux volets sont divisées en trois registres
dont celui du milieu beaucoup plus étroit. Sur le registre supérieur
du volet placé à la droite du Christ on aperçoit deux saints guerriers,
les deux saints Théodore, que l’on retrouve si souvent groupés sur
tant de monuments byzantins : saint Théodore le Stratilate ou le
général et saint Théodore le Tyron, soldat de la légion tyronienne.
Leur accoutrement militaire est de toute richesse et de toute élégance.
Ils portent la cuirasse à plaques imbriquées et les hautes bottes molles
d'origine asiatique. Les moindres particularités du vêtement sont
traitées avec une incroyable minutie, et pourtant ces petites figures
sont pleines de vie, d’une tournure aisée, d’un naturel parfait.
Remarquez le soin avec lequel les épées sont figurées; les gardes, les
fourreaux sont représentés dans les plus infimes détails de leur riche
ornementation orientale. C’est comme si nous avions sous les yeux
les armes mêmes qui ont servi de modèles à l’artiste.

Les deux saints Théodore ont toujours compté parmi les plus
 
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