LES NOUVELLES ACQUISITIONS DU LOUVRE.
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Pallas; mais il ne cessa pas d’être en réalité l’élève exclusif et secret
de J.-B. Giraud.
L’année suivante, en 1806, il remporta le grand prix avec un
Philoctèle clans l'île de Lemnos. Son premier ouvrage de pensionnaire,
à Rome, fut un Thésée. Le modèle en terre, abandonné à cause d’une
maladie, fut à peu près détruit par son auteur; il en existerait cepen-
dant, dit-on, des moulages partiels. En 1808, il adressa à l’Académie
le modèle de Phalante et d’Ethra. Outre les œuvres qui ont été con-
servées et dont on parlera plus loin, il fit à Rome, dans la dernière
année de son pensionnat, une statue héroïque de Triomphateur et, de
retour à Paris, un Faune jouant avec les serpents sacrés. Ces deux
modèles n’ont pas été traduits en marbre. Rentré en France après un
séjour de sept années en Italie, notre artiste épousa sa cousine, fille
d’Augustin Giraud. L’ayant perdue, il consacra à sa mémoire ainsi
qu’à celle de deux enfants qu’il avait eus d’elle, le monument que
nous décrivons plus loin. P.-F.-G. Giraud était d’une nature délicate
et maladive, et son activité fut souvent entravée par la faiblesse de sa
constitution. Quand il eut hérité de son bienfaiteur, il fit construire
une maison au faubourg du Roule pour y recevoir les plâtres de la
collection de Jean-Baptiste Giraud. Il existe au Musée d’Aix-en-
Provence un buste en bronze, quart de nature, représentant P.-F.-G.
Giraud. C’est le n° 2020 du catalogue de ce musée par M. Gibert.
Les ouvrages de P.-F.-G. Giraud sont fort rares. Mais quatre ou
cinq sculptures qui subsistent peuvent nous permettre d’apprécier
en connaissance de cause le caractère de son talent.
Le Philoctèle du concours de 1806, qu’on peut voir à l’Ecole des
Beaux-Arts, montre clairement que le jeune. P.-F.-G. Giraud obéis-
sait en fils soumis à des instincts de race. Les juges du concours ne
s’étaient pas suffisamment méfiés du petit élève inscrit pour la forme
à l’atelier de Ramey, mais qui cherchait ailleurs des conseils. Le
personnage déshabillé qu’on présentait à leurs suffrages avec les
attributs du blessé de la légende héroïque leur fit illusion; cepen-
dant, il n’était pas issu des formes académiques, appauvries, en
quelque sorte géométriques de David. 11 descend en ligne droite de
l’épiquè et robuste goujat que Puget a immortalisé sous le nom de
Milon de Crotone. C’était afficher à ce moment une généalogie assez
compromettante. Il faut noter ce fait tout à l’honneur de l’artiste.
Il avait religieusement conservé, même à Paris, même dans
l’atelier de Ramey, la naïve impression reçue avec le jour, sur la
terre natale. Dès sa première œuvre publique, l’âme sincère de
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Pallas; mais il ne cessa pas d’être en réalité l’élève exclusif et secret
de J.-B. Giraud.
L’année suivante, en 1806, il remporta le grand prix avec un
Philoctèle clans l'île de Lemnos. Son premier ouvrage de pensionnaire,
à Rome, fut un Thésée. Le modèle en terre, abandonné à cause d’une
maladie, fut à peu près détruit par son auteur; il en existerait cepen-
dant, dit-on, des moulages partiels. En 1808, il adressa à l’Académie
le modèle de Phalante et d’Ethra. Outre les œuvres qui ont été con-
servées et dont on parlera plus loin, il fit à Rome, dans la dernière
année de son pensionnat, une statue héroïque de Triomphateur et, de
retour à Paris, un Faune jouant avec les serpents sacrés. Ces deux
modèles n’ont pas été traduits en marbre. Rentré en France après un
séjour de sept années en Italie, notre artiste épousa sa cousine, fille
d’Augustin Giraud. L’ayant perdue, il consacra à sa mémoire ainsi
qu’à celle de deux enfants qu’il avait eus d’elle, le monument que
nous décrivons plus loin. P.-F.-G. Giraud était d’une nature délicate
et maladive, et son activité fut souvent entravée par la faiblesse de sa
constitution. Quand il eut hérité de son bienfaiteur, il fit construire
une maison au faubourg du Roule pour y recevoir les plâtres de la
collection de Jean-Baptiste Giraud. Il existe au Musée d’Aix-en-
Provence un buste en bronze, quart de nature, représentant P.-F.-G.
Giraud. C’est le n° 2020 du catalogue de ce musée par M. Gibert.
Les ouvrages de P.-F.-G. Giraud sont fort rares. Mais quatre ou
cinq sculptures qui subsistent peuvent nous permettre d’apprécier
en connaissance de cause le caractère de son talent.
Le Philoctèle du concours de 1806, qu’on peut voir à l’Ecole des
Beaux-Arts, montre clairement que le jeune. P.-F.-G. Giraud obéis-
sait en fils soumis à des instincts de race. Les juges du concours ne
s’étaient pas suffisamment méfiés du petit élève inscrit pour la forme
à l’atelier de Ramey, mais qui cherchait ailleurs des conseils. Le
personnage déshabillé qu’on présentait à leurs suffrages avec les
attributs du blessé de la légende héroïque leur fit illusion; cepen-
dant, il n’était pas issu des formes académiques, appauvries, en
quelque sorte géométriques de David. 11 descend en ligne droite de
l’épiquè et robuste goujat que Puget a immortalisé sous le nom de
Milon de Crotone. C’était afficher à ce moment une généalogie assez
compromettante. Il faut noter ce fait tout à l’honneur de l’artiste.
Il avait religieusement conservé, même à Paris, même dans
l’atelier de Ramey, la naïve impression reçue avec le jour, sur la
terre natale. Dès sa première œuvre publique, l’âme sincère de