LES NOUVELLES ACQUISITIONS DU LOUVRE.
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égard un monument qui est une véritable profession de foi. C’est un
chien, modelé aux environs de Rome, qui avait été exposé en marbre
au Salon de 1827, où il fut acheté par l’Etat.
Couché, la patte gauche repliée en arrière, le chien, qui parait
brusquement arraché à son rêve, dresse nerveusement les oreilles
et fronce la peau de son front. Il écoute et semble craindre une sur-
prise ou s’apprêter à exécuter un ordre de son maître. Autour du
socle, qui est ovale, se déroule une frise formée de bas-reliefs d’une
grande fermeté et d’une grande puissance, affectant le caractère de
la gravure en médaille. Ces bas-reliefs symbolisent les principales
qualités du chien, la fidélité, le courage, la vigilance et l’agilité. Ils
représentent successivement l’animal accroupi près de l’urne funé-
raire de son maître, combattant et étranglant un taureau, délivrant
un enfant au berceau des atteintes d’un serpent qui le menaçait, et,
enfin, poursuivant et saisissant un cerf. D’un modelé très précis,
très ferme et très délicat, cette sculpture de marbre, qui mesure
0m,50 de hauteur, est signée Giraud F. C’est le n° 345 du catalogue
de M. Barbet de Jouy.
Le caractère de cette œuvre est vraiment remarquable. Sa fierté,
sa franchise et son accent contrastent avec les habitudes familières
à l’Ecole française de ce moment et avec les types usés et déformés à
force de généralisation qu’elle affectionnait. La personnalité et l’in-
dividualité animales ne sont peut-être pas encore représentées avec
l’intensité de vie que leur donnera plus tard un Barye, mais le type
du chien braque est traduit déjà avec une grande sincérité et avec
une vibrante énergie. Miel, le biographe des deux Giraud, nous ap-
prend que le modèle, comme on s’en aperçoit à certaines particula-
rités, était bien individuel et que le sculpteur, en le reproduisant,
n’a pas fait autre chose que le portrait de son chien. La pièce pour-
rait affronter les plus redoutables comparaisons et soutiendrait la
concurrence de quelques-uns des meilleurs objets de la Salle des
Animaux au Vatican. Le chien de Giraud fut célèbre dès son appari-
tion. Il avait intéressé tous les artistes. On en fabriqua des réduc-
tions en bronze. Une de ces réductions, témoignage de la popularité
du modèle, nous est arrivée avec la collection de bronzes léguée au
Louvre par Edouard Gatteaux, qui avait été, comme je l’ai dit, un
des amis de la colonie méridionale.
Le Musée du Louvre possède en magasin un buste de femme en
plâtre — cheveux frisés, robe décolletée ■*—, d’un modelé simple et
délicat, qui passait pour être le portrait de madame Langlois, ainsi
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égard un monument qui est une véritable profession de foi. C’est un
chien, modelé aux environs de Rome, qui avait été exposé en marbre
au Salon de 1827, où il fut acheté par l’Etat.
Couché, la patte gauche repliée en arrière, le chien, qui parait
brusquement arraché à son rêve, dresse nerveusement les oreilles
et fronce la peau de son front. Il écoute et semble craindre une sur-
prise ou s’apprêter à exécuter un ordre de son maître. Autour du
socle, qui est ovale, se déroule une frise formée de bas-reliefs d’une
grande fermeté et d’une grande puissance, affectant le caractère de
la gravure en médaille. Ces bas-reliefs symbolisent les principales
qualités du chien, la fidélité, le courage, la vigilance et l’agilité. Ils
représentent successivement l’animal accroupi près de l’urne funé-
raire de son maître, combattant et étranglant un taureau, délivrant
un enfant au berceau des atteintes d’un serpent qui le menaçait, et,
enfin, poursuivant et saisissant un cerf. D’un modelé très précis,
très ferme et très délicat, cette sculpture de marbre, qui mesure
0m,50 de hauteur, est signée Giraud F. C’est le n° 345 du catalogue
de M. Barbet de Jouy.
Le caractère de cette œuvre est vraiment remarquable. Sa fierté,
sa franchise et son accent contrastent avec les habitudes familières
à l’Ecole française de ce moment et avec les types usés et déformés à
force de généralisation qu’elle affectionnait. La personnalité et l’in-
dividualité animales ne sont peut-être pas encore représentées avec
l’intensité de vie que leur donnera plus tard un Barye, mais le type
du chien braque est traduit déjà avec une grande sincérité et avec
une vibrante énergie. Miel, le biographe des deux Giraud, nous ap-
prend que le modèle, comme on s’en aperçoit à certaines particula-
rités, était bien individuel et que le sculpteur, en le reproduisant,
n’a pas fait autre chose que le portrait de son chien. La pièce pour-
rait affronter les plus redoutables comparaisons et soutiendrait la
concurrence de quelques-uns des meilleurs objets de la Salle des
Animaux au Vatican. Le chien de Giraud fut célèbre dès son appari-
tion. Il avait intéressé tous les artistes. On en fabriqua des réduc-
tions en bronze. Une de ces réductions, témoignage de la popularité
du modèle, nous est arrivée avec la collection de bronzes léguée au
Louvre par Edouard Gatteaux, qui avait été, comme je l’ai dit, un
des amis de la colonie méridionale.
Le Musée du Louvre possède en magasin un buste de femme en
plâtre — cheveux frisés, robe décolletée ■*—, d’un modelé simple et
délicat, qui passait pour être le portrait de madame Langlois, ainsi