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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 4
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Phillips, Claude: Charles Keene: les artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0361

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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

sérieuses; — d’abord Leslie s Choir et puis The Bach Choir, — et
s’intéressait surtout à la musique archaïque. Quand vint l’âge et
l’affaiblissement de la voix, il eut le courage, pour charmer les
loisirs de sa vieillesse, de vouloir apprendre àjouerd’un instrument
quelconque. Ne parvenant pas cependant à vaincre certaines diffi-
cultés techniques insurmontables à son âge, il eut l’idée comique,
quoique fort touchante aussi, de s’attaquer à la cornemuse écossaise
(bagpipes), formidable instrument dont, au dire des amateurs, il finit
par jouer avec beaucoup d’énergie et de brio.

On peut le voir, protraituré par lui-même, dans un dessin actuel-
lement à l’exposition de la Fine Arts Society, armé de ses hagpipes
chéris et s’apprêtant à en écorcher les oreilles d’un ami.

Un des plus grands attachements de ses dernières années était
celui qu’il témoignait à un pauvre vieux chien, qui en vint finale-
ment à un tel état de décrépitude qu’il fallut l’empoisonner. Alors
son maître, qui lui-même touchait à sa fin, fit porter le cadavre dans
son atelier, et là, de son mieux, en fit le croquis : ce fut son dernier
dessin, et le seul, peut-être dans lequel perce une note de tristesse.

Quand on en vient à vouloir définir de plus près la personnalité
artistique de Keene, en le comparant à ses devanciers et à ses con-
temporains, c’est plutôt par les distinctions que par les ressem-
blances qu’il faudra procéder. Keene n’était pas, dans la vraie signi-
fication du mot, un caricaturiste, comme Hogarth, comme Daumier
étaient caricaturistes; ni à peine dans ce sens plus restreint, dans
lequel on pouvait l’appliquer à Richard Doyle et à John Leech. La satire
n’était pas non plus son fait, car son tempérament n’avait rien d’âcre
ni de mordant, et jamais il ne pouvait se laisser aller à haïr ni même
à mépriser les travers et les ridicules qu’il transfigurait de son
joyeux sourire, de sa fraternelle sympathie.

Il est surtout l’observateur, doué d’une finesse, d’une intuition et
d’une verve qui n’ont pas été surpassées, de la plèbe et la petite
bourgeoisie britanniques. Il est l’artiste consommé qui, comme dessi-
nateur expressif et spontané, a connu peu ou point de supérieurs
parmi ses contemporains, si ce n’est Adolf Menzel, le merveilleux
praticien, le satiriste sans merci, qui est encore la principale gloire
artistique de l’Allemagne. C’est un fait assez curieux que ces deux
artistes étaient, malgré leurs différences marquées de tempérament
et de point de vue, de fervents admirateurs l’un de l’autre : Menzel
collectionne les dessins de Keene, et ce dernier se rendit aussi
l’acquéreur de plus d’une esquisse du grand peintre allemand. Notre
 
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