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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
maisons; toutes les cases tournent le dos à la plaine, présentant une
sorte de fortification percée de portes sur le Sahel.
Nous l’avons dit, et nous tenons à le répéter : ce serait se leurrer
étrangement que d’ajouter foi aux descriptions des Arabes. Une sorte
de rhétorique uniformément louangeuse les entraîne invinciblement.
Chez eux, les mots sont grossis et déformés ; les descriptions sont inin-
telligentes et ampoulées. Aucun édifice antique n’a été décrit scien-
tifiquement par les Arabes ; au contraire, une sorte d’illusion d’optique
amplifie à leurs yeux les monuments de leur propre civilisation. En
effaçant le mot « château » pour le remplacer par le mot « fortin » et le
mot « ville » pour le remplacer par le mot de « bourgade », on ne ferait,
dans bien des cas, qu’une oeuvre de simple raison. Ce sont des cités
des Mille et une Nuits qui s’écroulent; il n’en reste guère que d’in-
formes décombres, un nom et une légende.
AEY RENAN.
(La suite prochainement.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
maisons; toutes les cases tournent le dos à la plaine, présentant une
sorte de fortification percée de portes sur le Sahel.
Nous l’avons dit, et nous tenons à le répéter : ce serait se leurrer
étrangement que d’ajouter foi aux descriptions des Arabes. Une sorte
de rhétorique uniformément louangeuse les entraîne invinciblement.
Chez eux, les mots sont grossis et déformés ; les descriptions sont inin-
telligentes et ampoulées. Aucun édifice antique n’a été décrit scien-
tifiquement par les Arabes ; au contraire, une sorte d’illusion d’optique
amplifie à leurs yeux les monuments de leur propre civilisation. En
effaçant le mot « château » pour le remplacer par le mot « fortin » et le
mot « ville » pour le remplacer par le mot de « bourgade », on ne ferait,
dans bien des cas, qu’une oeuvre de simple raison. Ce sont des cités
des Mille et une Nuits qui s’écroulent; il n’en reste guère que d’in-
formes décombres, un nom et une légende.
AEY RENAN.
(La suite prochainement.)