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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.
d’artiste. Mais le plus beau de tous ces portraits de Pesne par lui-
même est resté jusqu’à présent tout à fait inconnu; il se trouve au
Nouveau Palais dePotsdam, est daté de 1718, et représente, en gran-
deur nature, l’artiste avec sa femme et deux de ses enfants. Par sa
belle expression et l’harmonie de son coloris, ce tableau place Pesne
au premier rang des peintres du xvme siècle, et il a pour nous cet
intérêt exceptionel que c’est à lui que Pesne a dû son admission à
l’Académie de Paris. Le samedi 26 novembre 1718, l’Académie s’est
réunie pour juger cette peinture- Yoici les termes du compte-rendu
officiel de la séance : « Le sieur Antoine Pesne, qui est à Berlin,
peintre de Sa Majesté prussienne, a envoyé des tableaux, afin que la
compagnie pût juger de sa capacité, accompagnés d’une lettre res-
pectueuse qu’il adresse à l’Académie, laquelle, après avoir pris les
suffrages par les voies ordinaires, a agréé sa présentation. Monsieur
le Directeur luy donnera un sujet pour son tableau de réception. »
Le tableau de réception, qui valut, le 17 juillet 1720, à Antoine
Pesne le titre de membre de l’Académie, était Dalila coupant les che-
veux à Samson. Il est malheureusement perdu et il m’a été impos-
sible d’avoir le moindre renseignement sur son sort. Pesne, d’ailleurs,
n’a pu assister à sa réception : c’est seulement trois ans après qu’il a
pris en personne sa place dans l’Académie.
Par sa femme Sophie-Dorothée, princesse de Hanovre et de
Grande-Bretagne, Frédéric-Guillaume Ier se trouvait alors encore en
amicales relations de parenté avec la cour anglaise. 11 eut le désir
d’adjoindre à sa collection de portraits les portraits de la famille
royale anglaise, et c’est dans le but de les peindre que Pesne reçut,
en 1723, l’ordre de partir pour Londres. L’artiste mit à profit cette
bonne occasion pour revoir sa ville natale et ses parents, comme
aussi pour faire valoir ses droits d’académicien. Le compte-rendu de
la séance du 30 octobre 1723 nous dit à ce sujet : « Monsieur Antoine
Pesne, peintre ordinaire du Roy de Prusse, qui a été reçu dans la
compagnie le vingt-sept juillet 1720, est venu prendre séance pour
la première fois , ne l’ayant pu faire plus tôt, et a prêté serment
entre les mains deMons. de Boullongne, Ecuyer, Chevalier de l’ordre
de Saint-Michel, Recteur et Directeur, présidant cejourd’huy à
l’Assemblée. »
Le 6 novembre, Pesne prend part de nouveau à la séance de l’Aca-
démie : après quoi il part pour l’Angleterre où il reste jusqu’au
printemps de l’année suivante. Il revient ensuite à Paris, et, le 6 mai,
il prend congé de l’Académie : « Monsieur Pesne étant sur son départ
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d’artiste. Mais le plus beau de tous ces portraits de Pesne par lui-
même est resté jusqu’à présent tout à fait inconnu; il se trouve au
Nouveau Palais dePotsdam, est daté de 1718, et représente, en gran-
deur nature, l’artiste avec sa femme et deux de ses enfants. Par sa
belle expression et l’harmonie de son coloris, ce tableau place Pesne
au premier rang des peintres du xvme siècle, et il a pour nous cet
intérêt exceptionel que c’est à lui que Pesne a dû son admission à
l’Académie de Paris. Le samedi 26 novembre 1718, l’Académie s’est
réunie pour juger cette peinture- Yoici les termes du compte-rendu
officiel de la séance : « Le sieur Antoine Pesne, qui est à Berlin,
peintre de Sa Majesté prussienne, a envoyé des tableaux, afin que la
compagnie pût juger de sa capacité, accompagnés d’une lettre res-
pectueuse qu’il adresse à l’Académie, laquelle, après avoir pris les
suffrages par les voies ordinaires, a agréé sa présentation. Monsieur
le Directeur luy donnera un sujet pour son tableau de réception. »
Le tableau de réception, qui valut, le 17 juillet 1720, à Antoine
Pesne le titre de membre de l’Académie, était Dalila coupant les che-
veux à Samson. Il est malheureusement perdu et il m’a été impos-
sible d’avoir le moindre renseignement sur son sort. Pesne, d’ailleurs,
n’a pu assister à sa réception : c’est seulement trois ans après qu’il a
pris en personne sa place dans l’Académie.
Par sa femme Sophie-Dorothée, princesse de Hanovre et de
Grande-Bretagne, Frédéric-Guillaume Ier se trouvait alors encore en
amicales relations de parenté avec la cour anglaise. 11 eut le désir
d’adjoindre à sa collection de portraits les portraits de la famille
royale anglaise, et c’est dans le but de les peindre que Pesne reçut,
en 1723, l’ordre de partir pour Londres. L’artiste mit à profit cette
bonne occasion pour revoir sa ville natale et ses parents, comme
aussi pour faire valoir ses droits d’académicien. Le compte-rendu de
la séance du 30 octobre 1723 nous dit à ce sujet : « Monsieur Antoine
Pesne, peintre ordinaire du Roy de Prusse, qui a été reçu dans la
compagnie le vingt-sept juillet 1720, est venu prendre séance pour
la première fois , ne l’ayant pu faire plus tôt, et a prêté serment
entre les mains deMons. de Boullongne, Ecuyer, Chevalier de l’ordre
de Saint-Michel, Recteur et Directeur, présidant cejourd’huy à
l’Assemblée. »
Le 6 novembre, Pesne prend part de nouveau à la séance de l’Aca-
démie : après quoi il part pour l’Angleterre où il reste jusqu’au
printemps de l’année suivante. Il revient ensuite à Paris, et, le 6 mai,
il prend congé de l’Académie : « Monsieur Pesne étant sur son départ