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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 5
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Seidel, Paul: Antoine Pesne, 2: premier peintre de Frédéric le Grand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0466

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432

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tique, les écrits, acquis secrètement, de Yoltaire, pour qui l’on sait
l’ardent enthousiasme du jeune prince. Au-dessus, sur le mur,
était suspendu le portrait du poète : « Vous êtes toujours avec nous.
Votre portrait préside dans ma bibliothèqne, il pend au-dessus de
l’armoire qui conserve notre toison d’or; il est immédiatement placé
au-dessus de vos ouvrages et vis-à-vis de l’endroit où je me tiens. »
(Lettre de Frédéric à Voltaire, du 9 novembre 1738.) Au plafond de
cette chambre consacrée, Pesne peignit Minerve avec les génies de l’Art
et de la Science; l’une de ces deux figures désigne du doigt un livre
ouvert, sur lequel sont inscrits les noms des poètes préférés, Horace
et Voltaire. C’est de figures mythologiques du même genre que Pesne
a décoré les plafonds des autres salles : il y a peint Mars et Vénus,
de Petits amours jouant avec des colombes, Ganymède assis sur un aigle
et offrant à Vénus une coupe d'or. Mais la pièce capitale de la série est le
plafond du grand salon de musique. Pesne y a représenté Apollon
chassant devant lui les méchants démons de la nuit.

Il faut encore rattacher à la même catégorie quelques tableaux de
chevalet représentant des sujets analogues, entre autres une Daphné
poursuivie par Apollon, datée de 1739, qui se trouve encore aujour-
d’hui à Rheinsberg, et porte témoignage de l’heureuse façon dont
Pesne a étudié le nu. Mais bien au-dessus de tous ces tableaux
mythologiques, d’une exécution toujours un peu lourde, sont les
portraits de cette époque, les meilleurs et les plus caractéristiques
que Pesne ait jamais peints. Qu’il nous suffise de nommer ici le por-
trait du prince royal, de 1739 (aujourd’hui au Musée de Berlin),
ceux de ses amis Knobelsdorff, Charles-Etienne Jordan, La Motte-
Fouqué, Chazot et le comte Keyserling, toutes œuvres que Frédéric
le Grand ne cessa jamais depuis d’avoir auprès de lui, et qui, par
un souvenir pieux, sont aujourd’hui réunies au palais impérial de
Berlin, dans le salon consacré au Grand Frédéric.

Il nous faut encore mentionner à part un tableau de Pesne qui a
été, pour lui, l’occasion d’une distinction honorifique rarement
accordée à un peintre par le prince qu'il sert. La mère de Frédéric,
la spirituelle reine Sophie-Dorothée, avait fait peindre son portrait
par Pesne pour faire une surprise à son fils. Le 14 novembre 1737,
Pesne avait secrètement placé, dès le matin, le portrait orné de
fleurs dans l’antichambre du prince, de telle sorte que celui-ci, en
sortant de sa chambre à coucher, ne pouvait manquer de l’apercevoir
tout de suite. L’impression causée au prince par cette peinture,
aujourd’hui conservée au palais de Berlin, fut énorme, et spéciale-
 
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