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GAZETTE DES BEAUX-A11TS.
quable par la profession de foi qu’il contient et la conception que se
faisait de l’art le grand roi, que parce qu’il célèbre Pesne en des
termes où il faut bien reconnaître l’influence de la disposition enthou-
siaste du moment et la liberté d’exagération permise aux poètes.
POÈME
ADRESSÉ AU SIEUR ANTOINE PESNE
Quel spectacle étonnant vient de frapper mes yeux !
Oui, Pesne, ton pinceau te place au rang des dieux;
Tout respire, tout vit, tout plaît en ta peinture,
Ton savoir et ton art surpassent la nature,
Et du fond du tableau tes ombres font sortir
L’objet que de clarté ta main sut revêtir.
Tel est l’effet de l’art, tels en sont les prestiges;
Tes dessins, tes portraits sont autant de prodiges.
Quand d’un vaillant héros, des peuples estimé,
Tu nous traces les traits et les yeux animés
On le voit plein de feu, tel qu’entouré de gloire,
Jadis dans les combats il fixait la victoire 1 2.
Quand de la jeune Iris, brillante de santé,
Tu nous montres l’image et sa rare beauté,
Je sens pour tes couleurs tout ce qu’à mon jeune âge
Des grâces, des beautés inspire l’assemblage 3.
Mais ton pinceau s’élève ainsi que ton sujet,
Ton ouvrage est rempli des beautés de l’objet;
Et pour exprimer l’air de notre auguste reine,
Certes, il ne fallait pas être au-dessous de Pesne.
Son port vraiment royal, son front majestueux,
Sa beauté, sa douceur, son air affectueux,
Tout est enchantement dans ce portrait sublime,
Jusqu’à cette vertu qui fait frémir le crime,
Qui pardonne au coupable, et, d’un soin généreux
Vient essuyer les pleurs des yeux du malheureux.
Je crois voir devant moi cette main bienfaisante,
Qui répand toute part ses grâces, quoique absente;
Plein d’admiration pour ce divin aspect,
Je sens mon cœur ému, pénétré de respect;
De mes yeux attendris, je vois couler des larmes.
1. Le vieux prince de Dessau.
2. MUe de Walmoden, dame l'honneur de la princesse royale.
GAZETTE DES BEAUX-A11TS.
quable par la profession de foi qu’il contient et la conception que se
faisait de l’art le grand roi, que parce qu’il célèbre Pesne en des
termes où il faut bien reconnaître l’influence de la disposition enthou-
siaste du moment et la liberté d’exagération permise aux poètes.
POÈME
ADRESSÉ AU SIEUR ANTOINE PESNE
Quel spectacle étonnant vient de frapper mes yeux !
Oui, Pesne, ton pinceau te place au rang des dieux;
Tout respire, tout vit, tout plaît en ta peinture,
Ton savoir et ton art surpassent la nature,
Et du fond du tableau tes ombres font sortir
L’objet que de clarté ta main sut revêtir.
Tel est l’effet de l’art, tels en sont les prestiges;
Tes dessins, tes portraits sont autant de prodiges.
Quand d’un vaillant héros, des peuples estimé,
Tu nous traces les traits et les yeux animés
On le voit plein de feu, tel qu’entouré de gloire,
Jadis dans les combats il fixait la victoire 1 2.
Quand de la jeune Iris, brillante de santé,
Tu nous montres l’image et sa rare beauté,
Je sens pour tes couleurs tout ce qu’à mon jeune âge
Des grâces, des beautés inspire l’assemblage 3.
Mais ton pinceau s’élève ainsi que ton sujet,
Ton ouvrage est rempli des beautés de l’objet;
Et pour exprimer l’air de notre auguste reine,
Certes, il ne fallait pas être au-dessous de Pesne.
Son port vraiment royal, son front majestueux,
Sa beauté, sa douceur, son air affectueux,
Tout est enchantement dans ce portrait sublime,
Jusqu’à cette vertu qui fait frémir le crime,
Qui pardonne au coupable, et, d’un soin généreux
Vient essuyer les pleurs des yeux du malheureux.
Je crois voir devant moi cette main bienfaisante,
Qui répand toute part ses grâces, quoique absente;
Plein d’admiration pour ce divin aspect,
Je sens mon cœur ému, pénétré de respect;
De mes yeux attendris, je vois couler des larmes.
1. Le vieux prince de Dessau.
2. MUe de Walmoden, dame l'honneur de la princesse royale.