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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Pawlowski, Gustave: Le livre d'heures du Pape Alexandre VI Borgia
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0557

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516

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qu’à des miniaturistes italiens de haut renom qui produisaient à
cette époque même des chefs-d’œuvre. La présomption la plus légi-
time est que ce beau livre d’Heures lui a été offert en présent. C’est
sans doute pourquoi, étant destiné au chef spirituel de la chrétienté,
il est dépourvu de tout caractère topique et ne renferme dans son
texte rien de spécial à la liturgie des Flandres, bien qu’il en soit ori-
ginaire.

Les petites miniatures qui ornent les vingt-quatre pages du
calendrier représentent les sujets habituels : d'un côté le symbole
obligé du trait caractéristique de chaque mois par rapport aux occu-
pations rurales ; de l’autre, le signe respectif du zodiaque.

La première des peintures à pleine page, servant de frontispice,
est d’un style sévère et d'une grande ampleur hiératique. Elle nous
montre sainte Véronique, sous les traits d'une noble matrone, tenant
le linge avec l’empreinte de la Sainte Face. Par la précision du modelé,
l’expression des physionomies et le caractère sacré de l’exposition,
c’est une œuvre magistrale. Dans le montant extérieur de son enca-
drement architectural sont peintes les armoiries d’Alexandre VI :
Parti : au 1er, de sable à 2 pals d'or; au 2e, d'or à un bœuf de gueules
passant sur une terrasse de simple. L’écusson est surmonté de la tiare
et accompagné de clefs de Saint-Pierre passées en sautoir. Il faut
nous y arrêter un instant.

De graves historiens ont dit et on l’a répété après eux jusqu’à ce
moment que ce pape était fils d’un gentilhomme valencien, Joffré
Lenzol ou Llanzol (nom qui fut italianisé en Lenzuoli) et d’Isabelle
Borja, l’une des quatre sœurs du pape Calixte III. Or, M. Yriarte,
[ui s’est livré à une enquête sérieuse et féconde sur les Borgia, établit
à l’aide de documents d’archives que le père d’Alexandre VI était
aussi un Borja, le propre cousin germain de sa femme L L’erreur
paraît être venue de la confusion entre le nom civil d’Alexandre VI :
Rodrigo Borja y Borja-Doms, et celui de son petit-neveu Rodrigo
Llanzol y Borja. Cette famille, qui tirait son nom de la petite ville
de Borja, au royaume de Valence, portait, dès le xnT® siècle, pour
armes : un bœuf de gueules (rouge) sur fond d'or, auxquelles Calixte III
ajouta : une bordure de gueules chargée de huit flammes d’or. Alexandre VI
conserva les armes primitives, en y joignant un autre écusson qui
serait celui de sa grand’mère, issue de la race chevaleresque des
Doins. M. Yriarte le blasonne par méprise : trois bandes d’azur sur

1. César Borgia. Paris, 1889, 2 vol. in-8.
 
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