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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Pératé, André: La réorganisation des musées florentins, 2, Le Musée de Santa-Maria del Fiore: correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0174

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158

GAZETTE DES BEAUX-AllTS.

aux médiocres tribunes de pierre qui subsistent aujourd’hui. Cependant, en 1822.
Ton plaçait les bas-reliefs de Donatello et de Luca délia Robbia dans la Galerie
des Offices, d’où ils passaient au Musée du Bargello; les parties architectoniques
des deux œuvres, oubliées jusqu’en 18(17 dans les magasins de l'Opera del Duonio,
y étaient retrouvées par l’architecte De Fabris, et déposées également au Musée
National. C’est là que nous avons admiré ces glorieux fragments, posés au long
des murailles de la grande salle aujourd’hui consacrée à Donatello, et si bien à la
portée des yeux et de la main qu’on en pouvait scruter les moindres finesses.

Cette exposition provisoire annonçait de grands dessins. « En 1883 (je cite les
propres termes de M. del Moro), la Députation de l’OEuvre, sur la proposition
des architectes de l’Œuvre, demandait au directeur des Galeries et Musées royaux
la restitution des parties architectoniques aussi bien que des bas-reliefs... La com-
mission permanente des Beaux-Arts, résidant à Rome, à qui le ministère soumet-
tait la question, fut d’avis contraire à la réinstallation des tribunes dans le Dôme,
et exprima l’opinion qu’il valait mieux les placer dans le grand salon du Musée
national. Mais ni l’intérieur du Dôme ni le salon du Musée ne furent jugés par le
public convenir à une bonne exposition des tribunes. La Députation eut alors l'idée
de créer le nouveau Musée au double but de procurer aux tribunes un emplacement
digne d’elles et d’y recueillir les nombreuses œuvres d’art qu’elle possédait. » Et
c’est ainsi que l’on peut voir en bonne lumière, à une hauteur convenable, ces
deux chefs-d’œuvre enfin recomposés et vraiment complets.

Maintenant qu’ils sont en face l’un de l’autre, on peut à meilleur droit qu’aupa-
ravant se poser l’éternelle question : auquel donner la préférence? Je demande la
permission de traduire ici les prudentes paroles de notre vieux Yasari, dans sa
Vie de Luca délia Robbia. Il commence par la description de la première
cànloria. Luca s’était proposé pour thème d’illustrer en bas-reliefs le psaume 150,
qui célèbre les louanges du Seigneur : « Laudate eum in sono tubœ : Laudate
eum in psalterio et cytliara, etc... »; et l’on peut lire, gravés en une longue
frise au dessous des bas-reliefs, les versets qui les expliquent. « De cette œuvre,
dit Yasari, Luca fit au soubassement, en quelques histoires, les chœurs de la
musique qui chantent en divers modes; et il y mit tant d’étude et si bien lui
réussit ce travail, que, encore qu’il soit élevé de terre de seize brasses, on découvre
le gonflement de la gorge de qui chante, le battement des mains de qui régit la
musique sur les épaules des enfants, et en somme diverses actions plaisantes que
suscite la joie de la musique. Puis sur la corniche de cette œuvre Luca fit deux
figures de métal dorées à savoir deux anges nus, traités bien habilement,
comme est l’œuvre entière, qui fut tenue pour chose rare : bien que Donatello, qui
fit ensuite l'ornement de l’autre orgue qui est en face de celui-là, ait fait le sien
avec beaucoup plus de jugement et de pratique que Luca n’avait fait, comme on
dira en son lieu ; parce qu’il traita cette œuvre presque toute en ébauche et sans
la finir délicatement, en sorte qu’elle apparût de loin beaucoup mieux, comme
elle fait, que celle de Luca : laquelle, bien que faite avec bon dessein et diligence,
fait néanmoins, avec sa délicatesse et son achèvement, que l’œil par la distance
la perd et ne la découvre pas bien, comme on fait celle de Donato presque seule-
ment ébauchée. A laquelle chose doivent avoir grande attention les artistes, parce

1. Elles sont aujourd’hui perdues.
 
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