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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 1
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Flammermont, Jules: Les portraits de Marie-Antoinette, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0012

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

matif en sens contraire: «Cette estampe célèbre, dit-il, n’est point

autre chose qu’une planche de modes.Ceux dont l’engouement

a voulu y voir un des meilleurs portraits de la Reine se sont singu-
lièrement mépris. Une figure bouffie, une bouche ridicule, des yeux
démesurément espacés, tels sont les traits principaux de cette image.
Sans doute, le coloris en est souple; les valeurs en sont gaies et
charmeuses; mais de ressemblance, aucune; ni le front, ni le nez,
ni le menton ni les yeux ne sont vrais1 ».

Impossible de trouver contradiction plus complète. Et, sur ce
sujet, le même cas se présente à maintes reprises ; les contemporains
eux-mêmes sont souvent en désaccord. Comment faire pour se former
une opinion en pleine connaissance de cause? Il m’a paru que le
meilleur plan à suivre, pour sortir d’un pareil embarras, était de
réunir les jugements portés par les contemporains les plus auto-
risés sur les portraits de Marie-Antoinette, et de comparer celles de ces
images qui seraient reconnues lesmeilleures, avec les portraits écrits
qui se trouvent dans les mémoires et les correspondances du temps.
J’ai pensé que cette méthode donnerait peut-être des résultats plus
fenrs que ceux auxquels sont arrivés jusqu’ici les écrivains qui se
sont occupés de la question ; car, si certains d’entre eux ont, en
matière de critique d’art, une compétence incontestée, ils ne dis-
posaient pas des éléments d’information que j’ai eu la bonne
fortune de pouvoir réunir.

Au cours des recherches que je poursuis à Vienne depuis une
douzaine d’années, pour la préparation d’une Histoire de Louis XVI
et de Marie-Antoinette, j’ai trouvé, dans le palais et les châteaux
impériaux de cette capitale et des environs, quelques portraits
curieux de Marie-Antoinette, dont plusieurs sont encore inconnus
en France. En outre, dans les lettres d’envoi, en grande partie
inédites, adressées par l’ambassadeur autrichien à Paris aux secré-
taires de Marie-Thérèse, j’ai pu recueillir des renseignements
précieux sur leurs auteurs, sur leur exécution et sur leur degré
de ressemblance. A ces matériaux se sont ajoutés ceux que m’a
procurés le dépouillement des critiques des Salons, des mémoires
et des correspondances de la fin de l’ancien régime. Aussi, je crois
pouvoir, sans trop de témérité, me flatter de fournir une réponse
plus satisfaisante que celle qui a été donnée par mon savant con-

1. H. Bouchot, Marie-Antoinette et ses peintres (Les Lettres et les Arts. Paris,
Boussocl et Valadon, 1887, in-f°, I. I, p. 39).
 
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