LA CÉRAMIQUE ITALIENNE AU LOUVRE
La collection des faïences italiennes que possède le Louvre a
été formée à une époque déjà ancienne. Composée de monuments
provenant de la collection Durand, acquise sous la Restauration, de
la donation Sauvageot et surtout de la collection Campana, elle put,
pendant un instant, passer pour être sans rivale : c’était au mo-
ment où on pensait qu’il suffisait de transcrire sur une plaque de
porcelaine quelque chef-d’œuvre de la peinture de la Renaissance
pour atteindre la perfection au point de vue décoratif. Le musée
céramique de Sèvres regorge de ces erreurs, merveilles d’habileté
et d’inintelligence à la fois. Et comme cette erreur remonte au
xvie siècle, à l’époque où on ne trouvait rien de mieux, pour décorer
une assiette, qu’une composition de Raphaël, il est aisé de com-
prendre combien il a été difficile de déraciner une pareille opinion.
Les estampes de Marc-Antoine Raimondi sont sans doute fort bien
en leur genre ; mais je ne sache pas qu’il existe de plus médiocre
modèle de décoration céramique.
N’empêche que, pendant que le Louvre s’enorgueillissait de ses
sept cent cinquante plats, tous ou presque tous du même style, une
évolution se produisait dans la mode : la Renaissance mieux com-
prise, le xve siècle remis à sa place et au-dessus du xvie siècle, nous
révélaient une céramique plus délicate, plus artistique et, par bien
des côtés, assimilable, au point de vue de la composition décorative,
à la céramique orientale. Des collections telles que celle du Musée
de South Kensington, en partie composée du cabinet de Soulages
La collection des faïences italiennes que possède le Louvre a
été formée à une époque déjà ancienne. Composée de monuments
provenant de la collection Durand, acquise sous la Restauration, de
la donation Sauvageot et surtout de la collection Campana, elle put,
pendant un instant, passer pour être sans rivale : c’était au mo-
ment où on pensait qu’il suffisait de transcrire sur une plaque de
porcelaine quelque chef-d’œuvre de la peinture de la Renaissance
pour atteindre la perfection au point de vue décoratif. Le musée
céramique de Sèvres regorge de ces erreurs, merveilles d’habileté
et d’inintelligence à la fois. Et comme cette erreur remonte au
xvie siècle, à l’époque où on ne trouvait rien de mieux, pour décorer
une assiette, qu’une composition de Raphaël, il est aisé de com-
prendre combien il a été difficile de déraciner une pareille opinion.
Les estampes de Marc-Antoine Raimondi sont sans doute fort bien
en leur genre ; mais je ne sache pas qu’il existe de plus médiocre
modèle de décoration céramique.
N’empêche que, pendant que le Louvre s’enorgueillissait de ses
sept cent cinquante plats, tous ou presque tous du même style, une
évolution se produisait dans la mode : la Renaissance mieux com-
prise, le xve siècle remis à sa place et au-dessus du xvie siècle, nous
révélaient une céramique plus délicate, plus artistique et, par bien
des côtés, assimilable, au point de vue de la composition décorative,
à la céramique orientale. Des collections telles que celle du Musée
de South Kensington, en partie composée du cabinet de Soulages