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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 1
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Maignan, Albert: Le Salon de 1897 - Société des Artistes Français (Champs-Élysées), 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0053

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Je nommerai aussi Henner et Jules Lefebvre. Le premier figure
au Salon avec deux portraits, deux têtes de femmes, évoquées plutôt
que représentées, tant les dons particuliers de la vision de l’artiste
se superposent à la simple réalité du modèle. Modelés suaves,
passages d'une sensibilité rare, matière dont la beauté éburnéenne
semble un secret jalousement conservé par le maître peintre, tons
audacieux, dont l’un est un bleu intense près des cheveux dorés,
l’autre un rouge équilibré d’un vert, voilà tout ce dont nous aime-
rions analyser la qualité spéciale, en donnant à nos observations les
développements nécessaires.

Le problème que Jules Lefebvre s’est posé est moins restreint,
plus complexe. Les deux artistes, de tempérament très différent, ont
cependant cette qualité commune aux véritables maîtres, c’est-à-dire
d'impoàer à ceux qu’ils représentent la marque de leur propre per-
sonnalité. Je ne doute pas que les heureux de la terre, ceux qui peu-
vent demander leur portrait à .Iules Lefebvre, n'appartiennent tous
à cette race privilégiée chez qui le goût de l'ajustement, les mains
merveilleuses, la beauté plastique, en un mot, sont qualités coutu-
mières ; mais la traduction même de cette beauté n’appartient qu’à
l’artiste. Vous savez quel en est le charme, la grâce un peu austère,
le style enfin, car ce mot semble fait pour caractériser cette pein-
ture, où se devinent la science venant au secours de l’observations et,
avec elle, le souvenir des statues antiques, des nobles bustes gréco-
romains, retrouvé dans les traits de quelque belle contemporaine.
L’observation s’impose devant le portrait de Mlle B. Celui du Comte
B. de C. est une toile d’un dessin précis et savant, d’une belle allure
aristocratique.

A l’autre extrémité de notre Salon est le portrait de Mlle J). C. G.,
par Ernest Laurent. Peint dans une facture troublée, pointillée dis-
crètement, qui laisse deviner une véritable science technique, il
nous retient par le charme mystérieux de son enveloppe doucement
assourdie, un peu verdâtre, un peu bleue aussi, soutenue dans sa
gamme par les notes brunes des cheveux, rappelées au col par un
listel de même valeur. Le geste de la main est rapide, imprévu, la
tête, un peu songeuse, est d’un sentiment personnel et charmant.
C’est une excellente toile, Lune des meilleures du Salon, qui ne fait
pas de tapage, mais comptera certainement dans la carrière de son
auteur.

D’un tout autre ordre d'idées est le portrait de M. Metschmkow,
envoyé de Saint-Pétersbourg par Kouznitsow. C’est une peinture
 
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