Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Maignan, Albert: Le Salon de 1897 - Société des Artistes Français (Champs-Élysées), 3
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0061

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
o2

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

nature. Certes, il aime la peinture avec passion, elle l’émeut et il
nous le fera voir; mais il n’est pas homme à crier ses confidences sur
les toits ; il ne s’adresse qu’aux amis connus ou inconnus qui méri-
tent de le comprendre et qui savent l’écouter. Musicien, il eût écrit
de la musique de chambre, des symphonies, colorées surtout par les
sonorités des instruments à cordes; les gros cuivres n’y auraient pas
mis leur tonnerre.

Il nous montre cette année Saint Bonaventure. Les légats du
pape lui apportent la pourpre cardinalice. Le brave saint n'en sera
point ébloui ; il ne l’acceptera pas. Il continuera à laver la vaisselle
du couvent, estimant que l’action la plus humble est ennoblie quand
elle est utile, et que rien ne vaut le sacrifice de sa propre personna-
lité fait en vue du bien commun. Le geste du moine est simple ; son
type conserve une dignité ingénue et grave, la beauté d’une âme
haute qui s’ignore. La mise en scène, le lieu, sont bien trouvés. La
lumière est heureusement distribuée : c’est, en somme, un excellent
tableau.

C’est par la qualité de l’observation de l’effet et des valeurs, que
se recommande le tableau de A. de Ricbemont : Autour du berceau,
et nous aurions pu le classer parmi ceux des artistes qui recher-
chent passionnément la poésie d’une enveloppe lumineuse. C’est, en
outre, l’œuvre d’un peintre qui se surveille et ne laisse rien au
hasard ; c’est un œil excellent qui a derrière lui l'aide d’un cerveau
bien construit ; c’est aussi un arrangeur d’un goût délicat, ennemi
des redondances inutiles et des banalités aimables. Avec un sujet
dans lequel un autre n’aurait vu qu’un intérêt anecdotique, il sait
élargir son programme et trouver une belle et simple note d’art,
basée sur le concert des valeurs sobres et neutres accompagnant
une lumineuse arabesque de blancs colorés. L’ange, avec sa grande
chape violacée, qui rappelle certaines ligures de l’école bourgui-
gnonne, le décor aux lignes étranges, pleines de caractère, sont des
recherches d’artiste curieux.

Je voudrais maintenant vous décrire la belle composition de
Struijs, intitulée Consoler les affligés, troisième chapitre d'un drame
familial qui, dans la pauvre humanité, se reproduit à chaque minute
et dontStruijsnous raconte, d’année en année, les différents épisodes.
Je professe une véritable admiration pour ce vaillant artiste qui
s’isole, se cache pour produire des œuvres si fortes et si austères, un
peu tristes, un peu trop poussées au noir peut-être, peu accessibles
aux goûts de la foule. Le dessin est ferme, savant, sans que 1 artiste ait
 
Annotationen