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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 1
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Hymans, Henri: Une exposition de portraits anciens à Bruxelles: correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0093

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

le vieux, de caractère et de dimensions très analogues. L’un appartient au baron
de Wœlmont et nous montre le peintre lui-même et sa famille; l’autre, au mar-
quis de la Boëssière, représente, selon le catalogue, la famille Berchen. D’un
côlé onze, de l’autre treize figures de grandeur naturelle, assemblées autour d’une
table où repose le clavicorde, tenu par une femme, qu’un personnage masculin
accompagne du luth. De part et d’autre, les enfants font honneur à un régal des
fruits que leur prépare une des personnes de l’assistance; au fond de l’un et de
l’autre tableau, le portrait de quelques parents défunts.

Cette sommaire description suffit à prouver que la physionomie générale
des deux tableaux a d’étranges ressemblances, tant pour l’ensemble que pour les
détails. Il en est de même du principe de coloration, tenu dans une gamme
sobre et des mieux adaptées à l’esprit de ces assemblées paisibles, où la musique
n’est certes point nécessaire pour faire régner la concorde. Aussi bien, le tableau
du marquis de la Boëssière, excellemment conservé, porte sur le cadre contem-
porain, une inscription qui eu souligne bien la portée :

UT NIL CONCORDI TIIALAMO FELIC1US OMNI IN VITA ESSE
POTEST, ET SINE LITE TORO

SIC MAGE IVCVNDVM NIHI L EST, QVAM CERNERE GNATOS
GONCORDEIS N1 V E O PECTORE P A CE F R A' I 1561

L’étroit rapport d’arrangement des deux œuvres est aussi caractéristique de
l’époque que du maître lui-même, dont on se hâterait à tort de signaler la pau-
vreté d'imagination. Il semble, au contraire, que Fourbus fasse preuve d’initia-
tive pour le groupement des personnages, tout compte fait de ces portraits d’en-
semble, fréquents au xvie siècle, où le peintre se contente d’un alignement de
têtes qui, en définitive, réduit son tableau à une succession d’efügies isolées.
Plus habiles en l’art de la mise en scène, les successeurs de Pourbus s’entendront
moins à caractériser un modèle. Le portrait d’ensemble n’acquerra vraiment qu’au
xvne siècle, et sous le pinceau d’artistes exceptionnels, tels Rembrandt et Frans
Hais, sa pleine expression pittoresque. Le grand Holbein lui-même n’a point su
atteindre, dans le tableau des Chirurgiens-barbiers clc Londres, la puissance d’ex-
pression qui donne une si haute importance à ses portraits isolés.

Le droit que nous laisse le catalogue nous met à l’aise pour dire qu’il n’y a
point, à l’Exposition, d’œuvres de l’illustre portraitiste. En revanche, et sous son
nom, l’Exposition nous montre un intéressant Portrait d'homme, que la simple
date de 1570 empêche déjà d’assigner à son auteur prétendu. Et comme, en plus
de cette date, le tableau porte un monogramme, nous pouvons ajouter qu’il
s’agit d’une peinture de Ludger zum Ring, excellent peintre westphalien, peu
commun à rencontrer hors d’Allemagne, lequel s’établit à Brunswick, d’où, au
surplus, est originaire le personnage qu’il nous représente. Il nous a malheureu-
sement été impossible de déchiffrer son nom. Cette jolie et très intéressante
peinture appartient à M. Weber, de Bruxelles.

Plus facile à confondre et sans doute plus fréquemment confondu avec Hol-
bein, est ce Nicolas Lucidel ou de Neufchatel, venu du Hainaut se former à Anvers
sous Pierre Koeck. L’Exposition nous fait connaître de lui une imposante effigie
du jurisconsulte Viglins (à M. Lambeau). L’image a grand caractère et belle
prestance, comme il convient à celle d’un président du Conseil privé du roi
 
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