JOHN EVERETT MILLAIS
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filles de M. Armstrong (Iiearts are trumps), fit de Millais le portrai-
tiste à la grande mode de Londres, et le monde le prit dans de nou-
velles embûches. Millais laissa faire; il aimait la popularité — qui
ne l’aime pas?— Il travaillait vite et avec plaisir. Il lui fallait un
certain train de vie ample et facile, et son métier lui rapportait
régulièrement dans les quatre cent mille francs par an. Son premier
grand paysage s’est vendu quatre-vingt-cinq mille francs. Une toile
fort ordinaire, Les Enfants d'Edouard,, peinte en trois semaines,
monta jusqu'à cent mille francs. Couramment, un portrait — tête
ILLUSTRATION POUR « THE P L A G U E C A R T O F E L L I A N T »
Dessin de Millais
et buste, — signé de lui, se payait trente mille francs. Restait
l'immense revenu des reproductions lithographiques. On dit que,
dans son année la plus favorisée, sir John empila les trois quarts
d’un million de francs !
Aussi Millais pouvait-il se construire un des beaux hôtels de
Londres, en face de l’avenue centrale des Kensington Gardons. Il
avait en Ecosse une fort belle propriété, où il vivait en gentilhomme
plutôt qu’en artiste. Le petit gamin dont l’idéal avait été un permis
de pêche à Kensington était resté passionné pour les sports. Les
truites fuyaient son ombre à travers les clairs ruisseaux de Perth.
Mouillé jusqu’à la ceinture, il luttait vaillamment avec le saumon.
Les canards sauvages le redoutaient, ainsi que le grouse des moors
et le cerf des montagnes d’Ecosse, car il était grand chasseur devant
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filles de M. Armstrong (Iiearts are trumps), fit de Millais le portrai-
tiste à la grande mode de Londres, et le monde le prit dans de nou-
velles embûches. Millais laissa faire; il aimait la popularité — qui
ne l’aime pas?— Il travaillait vite et avec plaisir. Il lui fallait un
certain train de vie ample et facile, et son métier lui rapportait
régulièrement dans les quatre cent mille francs par an. Son premier
grand paysage s’est vendu quatre-vingt-cinq mille francs. Une toile
fort ordinaire, Les Enfants d'Edouard,, peinte en trois semaines,
monta jusqu'à cent mille francs. Couramment, un portrait — tête
ILLUSTRATION POUR « THE P L A G U E C A R T O F E L L I A N T »
Dessin de Millais
et buste, — signé de lui, se payait trente mille francs. Restait
l'immense revenu des reproductions lithographiques. On dit que,
dans son année la plus favorisée, sir John empila les trois quarts
d’un million de francs !
Aussi Millais pouvait-il se construire un des beaux hôtels de
Londres, en face de l’avenue centrale des Kensington Gardons. Il
avait en Ecosse une fort belle propriété, où il vivait en gentilhomme
plutôt qu’en artiste. Le petit gamin dont l’idéal avait été un permis
de pêche à Kensington était resté passionné pour les sports. Les
truites fuyaient son ombre à travers les clairs ruisseaux de Perth.
Mouillé jusqu’à la ceinture, il luttait vaillamment avec le saumon.
Les canards sauvages le redoutaient, ainsi que le grouse des moors
et le cerf des montagnes d’Ecosse, car il était grand chasseur devant