LES MINIATURES DES MANUSCRITS MUSULMANS 113
sans; comme rien ne peut, à ce sujet, remplacer les reproductions
des originaux, nous n’insisterons pas davantage sur ce point.
Les procédés employés par les Orientaux pour la peinture de
leurs manuscrits sont assez mal connus ; comme il n’y a pas de traité
technique1 sur cette matière, on est réduit à un très petit nombre
de renseignements, et, d’autre part, les Persans ignorent à peu près
tous comment se faisaient les miniatures anciennes. On possède
heureusement des miniatures restées inachevées à des degrés iné-
gaux, les unes ne présentant que l’ébauche du dessin, les autres
aux trois quarts coloriées, ce qui permet de se rendre à peu près
compte de la technique de cet art, et de voir que les procédés em-
ployés en Perse n’étaient pas très différents de ceux qu’on employait
en Occident.
Pour les livres dans lesquels les miniatures sont de simples
enluminures, l’artiste dessinait les grandes lignes de sa composition
au crayon noir ou rouge, et, sans jamais pousser bien loin cette
esquisse, il y appliquait immédiatement ses couleurs. Quant aux
manuscrits très soignés, le procédé était plus compliqué, que la
miniature fût exécutée sur parchemin ou, ce qui est beaucoup plus
fréquent, sur papier, le parchemin n’ayant guère été employé que
dans l’antiquité et pour écrire des Korans. La miniature n’était pas
exécutée directement sur la page du livre où elle devait figurer,
et le copiste laissait en blanc la place que lui avait désignée le
peintre ; on la peignait sur une feuille de papier spécial, qui était
ensuite collée sur le feuillet à illustrer. Cette feuille était recouverte
d’une couche très mince d'un enduit composé de plâtre très fin délayé
dans la gomme arabique, et c’est sur cet enduit que l’on dessinait et
que l’on peignait ensuite. Dans quelques manuscrits extrêmement
soignés et très rares, les parties saillantes des vêtements, les côtes
des turbans, par exemple, ou les plis des vêtements, sont figurés par
une superposition de couches de peinture, de telle sorte que le
relief est dû non à une fiction, mais à une réalité ; un procédé du
même ordre que le précédent consiste à représenter les diamants
et les pierreries qui ornent le diadème des princesses, en piquant avec
une aiguille très fine la couche d’or sur laquelle sont censées êtres
incrustées les pierres précieuses. La lumière, en venant se réfléchir
1. Il devait cependant exister des écoles d’enlumineurs et, par conséquent,
des livres où se trouvaient réunis les principes de dessin et les recettes pour les
couleurs.
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XVIII. — 3e PÉRIODE
sans; comme rien ne peut, à ce sujet, remplacer les reproductions
des originaux, nous n’insisterons pas davantage sur ce point.
Les procédés employés par les Orientaux pour la peinture de
leurs manuscrits sont assez mal connus ; comme il n’y a pas de traité
technique1 sur cette matière, on est réduit à un très petit nombre
de renseignements, et, d’autre part, les Persans ignorent à peu près
tous comment se faisaient les miniatures anciennes. On possède
heureusement des miniatures restées inachevées à des degrés iné-
gaux, les unes ne présentant que l’ébauche du dessin, les autres
aux trois quarts coloriées, ce qui permet de se rendre à peu près
compte de la technique de cet art, et de voir que les procédés em-
ployés en Perse n’étaient pas très différents de ceux qu’on employait
en Occident.
Pour les livres dans lesquels les miniatures sont de simples
enluminures, l’artiste dessinait les grandes lignes de sa composition
au crayon noir ou rouge, et, sans jamais pousser bien loin cette
esquisse, il y appliquait immédiatement ses couleurs. Quant aux
manuscrits très soignés, le procédé était plus compliqué, que la
miniature fût exécutée sur parchemin ou, ce qui est beaucoup plus
fréquent, sur papier, le parchemin n’ayant guère été employé que
dans l’antiquité et pour écrire des Korans. La miniature n’était pas
exécutée directement sur la page du livre où elle devait figurer,
et le copiste laissait en blanc la place que lui avait désignée le
peintre ; on la peignait sur une feuille de papier spécial, qui était
ensuite collée sur le feuillet à illustrer. Cette feuille était recouverte
d’une couche très mince d'un enduit composé de plâtre très fin délayé
dans la gomme arabique, et c’est sur cet enduit que l’on dessinait et
que l’on peignait ensuite. Dans quelques manuscrits extrêmement
soignés et très rares, les parties saillantes des vêtements, les côtes
des turbans, par exemple, ou les plis des vêtements, sont figurés par
une superposition de couches de peinture, de telle sorte que le
relief est dû non à une fiction, mais à une réalité ; un procédé du
même ordre que le précédent consiste à représenter les diamants
et les pierreries qui ornent le diadème des princesses, en piquant avec
une aiguille très fine la couche d’or sur laquelle sont censées êtres
incrustées les pierres précieuses. La lumière, en venant se réfléchir
1. Il devait cependant exister des écoles d’enlumineurs et, par conséquent,
des livres où se trouvaient réunis les principes de dessin et les recettes pour les
couleurs.
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