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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Si l’on envisage ce livre du côté de l’érudition seule, on ne peut que lui
décerner l’éloge. Les matériaux accumulés dans ces deux volumes sont d'une
abondance extrême, mais cette richesse même de renseignements n’est pas
mise dans toute sa valeur. Le lecteur serait heureux de trouver des vues géné-
rales qui lui permissent de se faire une idée d’ensemble de l’école ferraraise.
La division même de l’ouvrage ne rend pas cette recherche très facile. Le pre-
mier livre est consacré à une histoire sommaire des princes d’Este et à des
« détails sur les saints les plus souvent représentés par les artistes ferrarais ».
Le deuxième livre traite des « principaux architectes occupés à Ferrare sous les
princes d’Este », des églises et des palais de Ferrare. Le troisième a pour objet
la sculpture, l’orfèvrerie, les médailleurs et la glyptique. Le quatrième, qui est le
plus considérable et le plus intéressant, renferme l’histoire de la peinture fer-
raraise. Enfin, le cinquième a pour sujet la tapisserie, les cuirs à la façon de
Cordoue, les faïences, l’imprimerie et la gravure. Gomme on le voit, rien n’est
omis dans la nomenclature de l’art et de l’industrie d’art de Ferrare pendant les
deux siècles de sa prospérité. Nous regrettons seulement que cet ouvrage si
consciencieux ne soit pas suivi d’une conclusion qui résume en ses grandes
lignes l’esprit particulier de l’école de Ferrare, son influence sur l’art italien
ou l’influence qu’elle en a reçue Les princes d’Este ont été des princes excessifs
en tout, dans leur passion de la beauté comme dans leur implacable férocité : ils
fournissent les types de puissantes individualités et il eût été d’un grand intérêt
de trouver, au lieu d’une suite de monographies, une histoire générale qui eût
fait comprendre l’évolution de la Renaissance dans cette province si particulière
de l’Italie.
G. S.
JACOPO DELLA QUERCIA
Eine kunsthjstorische Studie, von Carl Cornélius1.
vec modestie, l’auteur de ce livre présente
son ouvrage comme n’ayant d'autres pré-
tention que d’être une biographie complète
de Jacopo délia Quercia. La chose a son
prix, si l’on songe à ce qu'écrivait M. Münlz
dans son Histoire de l’Art pendant la Renais-
sance, en abordant l’étude du célèbre scul-
pteur : « Ce grand artiste attend encore
une monographie; ses œuvres n’ont même
été reproduites qu’en partie. » Cette lacune
est maintenant comblée par l’ouvrage de
M. Cari Cornélius. Sans étalage pédantesque
de toutes les sources auxquelles il a puisé,
il nous offre, coordonné, contrôlé et mis en valeur par un esprit critique sérieux,
sous une forme très claire, l’ensemble de tout ce qu’on sait actuellement sur
Jacopo délia Quercia. line s’agit pas, d’ailleurs, d’une compilation toute sèche :
tout en faisant l’histoire de l’artiste et de ses œuvres, son biographe s’est appliqué
f. Mit 38 Abbildungen. Halle-a.-S., Wilhelm Knapp, 1896. Tn-8°.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Si l’on envisage ce livre du côté de l’érudition seule, on ne peut que lui
décerner l’éloge. Les matériaux accumulés dans ces deux volumes sont d'une
abondance extrême, mais cette richesse même de renseignements n’est pas
mise dans toute sa valeur. Le lecteur serait heureux de trouver des vues géné-
rales qui lui permissent de se faire une idée d’ensemble de l’école ferraraise.
La division même de l’ouvrage ne rend pas cette recherche très facile. Le pre-
mier livre est consacré à une histoire sommaire des princes d’Este et à des
« détails sur les saints les plus souvent représentés par les artistes ferrarais ».
Le deuxième livre traite des « principaux architectes occupés à Ferrare sous les
princes d’Este », des églises et des palais de Ferrare. Le troisième a pour objet
la sculpture, l’orfèvrerie, les médailleurs et la glyptique. Le quatrième, qui est le
plus considérable et le plus intéressant, renferme l’histoire de la peinture fer-
raraise. Enfin, le cinquième a pour sujet la tapisserie, les cuirs à la façon de
Cordoue, les faïences, l’imprimerie et la gravure. Gomme on le voit, rien n’est
omis dans la nomenclature de l’art et de l’industrie d’art de Ferrare pendant les
deux siècles de sa prospérité. Nous regrettons seulement que cet ouvrage si
consciencieux ne soit pas suivi d’une conclusion qui résume en ses grandes
lignes l’esprit particulier de l’école de Ferrare, son influence sur l’art italien
ou l’influence qu’elle en a reçue Les princes d’Este ont été des princes excessifs
en tout, dans leur passion de la beauté comme dans leur implacable férocité : ils
fournissent les types de puissantes individualités et il eût été d’un grand intérêt
de trouver, au lieu d’une suite de monographies, une histoire générale qui eût
fait comprendre l’évolution de la Renaissance dans cette province si particulière
de l’Italie.
G. S.
JACOPO DELLA QUERCIA
Eine kunsthjstorische Studie, von Carl Cornélius1.
vec modestie, l’auteur de ce livre présente
son ouvrage comme n’ayant d'autres pré-
tention que d’être une biographie complète
de Jacopo délia Quercia. La chose a son
prix, si l’on songe à ce qu'écrivait M. Münlz
dans son Histoire de l’Art pendant la Renais-
sance, en abordant l’étude du célèbre scul-
pteur : « Ce grand artiste attend encore
une monographie; ses œuvres n’ont même
été reproduites qu’en partie. » Cette lacune
est maintenant comblée par l’ouvrage de
M. Cari Cornélius. Sans étalage pédantesque
de toutes les sources auxquelles il a puisé,
il nous offre, coordonné, contrôlé et mis en valeur par un esprit critique sérieux,
sous une forme très claire, l’ensemble de tout ce qu’on sait actuellement sur
Jacopo délia Quercia. line s’agit pas, d’ailleurs, d’une compilation toute sèche :
tout en faisant l’histoire de l’artiste et de ses œuvres, son biographe s’est appliqué
f. Mit 38 Abbildungen. Halle-a.-S., Wilhelm Knapp, 1896. Tn-8°.