LE RETABLE D’OPORTO
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aussi. « Il est vrai, nous écrit M. le chanoine Durlos, si bon connais-
seur des costumes flamands et surtout des costumes de la bourgeoi-
sie, il est vrai que le portrait de la première femme de François Ier1,
exécuté vers 1520, la représente avec un corsage décolleté en carré ;
mais le reste du corsage est d’une forme différente. Ce n’est que plus
tard que ces corsages resserrant et amincissant la taille au-dessus des
hanches se sont introduits en Flandre 2. » Cette dernière observation
ne me paraît pas rigoureusement exacte, car l’introduction du col
tuyauté commence vers 1550 (voir
le tableau de Pourbus à l'Académie
de Bruges) et le corsage devient en
même temps plus étroit, sans res-
serrer, il est vrai, la taille à la mode
française3.
Signalons encore la toilette de
la femme qui porte un col plissé et
un bandeau sur le front. C’est là
le costume des femmes veuves de
Flandre (comp. le portrait de Mar-
guerite d’Autriche, au Musée d’An-
vers, exécuté vers 1510).
Les costumes d’hommes se re-
trouvent avec les mêmes analogies
dans les monuments anciens de
Bruges et des environs4.
. MARGUERITE D AUTRICHE, PAU J. COSSAERT
Ainsi, 1 étude des costumes et
(Musée d'Anvers)
des accessoires vient nous fournir
un complément de preuve et corroborer les déductions que nous
avons tirées de l’examen psychologique et esthétique.
Voyons maintenant si nous trouvons quelque signature dont
l’authenticité ne puisse être contestée. Celte signature existe, pour
qui sait la voir : c’est le portrait du peintre lui-même, tel qu’il
1. Quicherat, Histoire clu costume en France, p. 336.
2. Cf. Gaillard, Inscriptions funéraires, art, Notre-Dame, pi. xcj, xcv, xcvnôiS
pour les années 1360 et 1579.
3. Comparez aux corsages du tableau d’Oporto les miniatures de la biblio-
thèque du Brilish Muséum, les peintures, pierres tombales et dessins cités plus
haut, l'Adoration des Mages, de Bosch, le tableau de Massys, à Anvers, etc.
4. Comparez les pierres tombales de Parvyse, près de Niewport, celle de
l’église du Saint-Sauveur, citée plus haut, et Gaillard, église de Sainte-Walburge,
pl. 26, p. 72.
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aussi. « Il est vrai, nous écrit M. le chanoine Durlos, si bon connais-
seur des costumes flamands et surtout des costumes de la bourgeoi-
sie, il est vrai que le portrait de la première femme de François Ier1,
exécuté vers 1520, la représente avec un corsage décolleté en carré ;
mais le reste du corsage est d’une forme différente. Ce n’est que plus
tard que ces corsages resserrant et amincissant la taille au-dessus des
hanches se sont introduits en Flandre 2. » Cette dernière observation
ne me paraît pas rigoureusement exacte, car l’introduction du col
tuyauté commence vers 1550 (voir
le tableau de Pourbus à l'Académie
de Bruges) et le corsage devient en
même temps plus étroit, sans res-
serrer, il est vrai, la taille à la mode
française3.
Signalons encore la toilette de
la femme qui porte un col plissé et
un bandeau sur le front. C’est là
le costume des femmes veuves de
Flandre (comp. le portrait de Mar-
guerite d’Autriche, au Musée d’An-
vers, exécuté vers 1510).
Les costumes d’hommes se re-
trouvent avec les mêmes analogies
dans les monuments anciens de
Bruges et des environs4.
. MARGUERITE D AUTRICHE, PAU J. COSSAERT
Ainsi, 1 étude des costumes et
(Musée d'Anvers)
des accessoires vient nous fournir
un complément de preuve et corroborer les déductions que nous
avons tirées de l’examen psychologique et esthétique.
Voyons maintenant si nous trouvons quelque signature dont
l’authenticité ne puisse être contestée. Celte signature existe, pour
qui sait la voir : c’est le portrait du peintre lui-même, tel qu’il
1. Quicherat, Histoire clu costume en France, p. 336.
2. Cf. Gaillard, Inscriptions funéraires, art, Notre-Dame, pi. xcj, xcv, xcvnôiS
pour les années 1360 et 1579.
3. Comparez aux corsages du tableau d’Oporto les miniatures de la biblio-
thèque du Brilish Muséum, les peintures, pierres tombales et dessins cités plus
haut, l'Adoration des Mages, de Bosch, le tableau de Massys, à Anvers, etc.
4. Comparez les pierres tombales de Parvyse, près de Niewport, celle de
l’église du Saint-Sauveur, citée plus haut, et Gaillard, église de Sainte-Walburge,
pl. 26, p. 72.