Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 18.1897)

LE MUSÉE CERNUSCHI

L’an dernier mourait à Menton, loin
du merveilleux hôtel qu’il s’était fait
construire au parc Monceau, un homme
dont les généreuses intentions, depuis
longtemps connues de ses amis, étaient
confirmées par les dispositions dernières
de son testament. Henri Cernuschi
léguait à la Ville de Paris l’hôtel et les
collections d’art chinois et japonais qu’il
renfermail. Cette demeure, qui fut tou-
jours hospitalière à ceux qui portaient
intérêt à Part de l’Extrême-Orient,
avait, certain soir, ouvert ses portes grandes à la foule costumée des
mondains et mondaines les plus qualifiés de Paris, qui gravirent les
marches du monumental escalier sous les rugissements du tigre et
l’effarement des biches de bronze, décor des corniches supérieures,
et dansèrent aux pieds du gigantesque Bouddha, image impassible
et sereine, témoin détaché et dédaigneux des plaisirs et des vanités
de ce monde. Puis, ces portes, qui ne s’étaient ainsi ouvertes qu’une
lois, s’étaient pour toujours refermées, et l’hôte de cette belle de-
meure, difficile sur le choix de ses amitiés, d’une sûreté de relations
absolue, avait désormais vécu comme un sage au milieu des mer-

XVIII. — 3e PÉRIODE.

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