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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 3
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Frantz, Henri: Les salons anglais: Royal Academy et New Gallery
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0287

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260

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

M. Wilfrid von Glehn est l’un des jeunes artistes anglais qui
m'attirent le plus, non seulement parce qu'il sait peindre, mais parce
qu’il sait aussi penser. 11 a progressé depuis plusieurs années à pas
de géant, et le voilà sorti, mûri et sûr de lui, de cette phase d’incer-
titude que traversent presque tous les artistes. Il expose cette année un
grand portrait de femme et une toile d’un charme étrange, La Venue
cle la Nuit. Sur un fond de paysage caressé de lumière bleue, la
Nuit monte lentement vers le ciel, délicieuse créature de rêve, avec
sa beauté doucement sensuelle, supernaturelle, et pourtant si femme
dans ce souffle de tristesse apaisée qui erre sur ses traits. L'inspira-
tion se double ici d’excellentes qualités de coloris; tous les effets sont
obtenus sans procédés avec les ressources d’une technique saine et
forte comme nous souhaiterions d’en trouver chez quelques-uns de
nos jeunes compatriotes.

Je n’aurais garde d’oublier la grande toile d’Arthur Nowell,
qui a été pour nous la révélation d’un artiste de race, la Mariana
in the.South de M. Waterhouse, Xldiylle d’Alfred Fast, les toiles de
M. Parsons et de M. Napier Hémy.

J’ai déduit plus haut, de la vue des Salons anglais, le marasme
dans lequel,, faute de talents spontanés et d’artistes convaincus, l’art
du portrait est tombé chez nous; mais si là, de même que dans les
sujets de genre, des artistes comme Sargent, Orchardson, Burne-
.1 ones, Walerhouse, et, par dessus tout, George Frederick Watts, sont
inimitables, nous gardons du moins la supériorité incontestée dans
le paysage. On cherchera en vain, dans les Salons anglais, les hori-
zons attendris de Cazin, les forêts si vivantes d’Harpignies, les vil-
lages de Frilz Thaulow. Et nous aurons encore une autre consolation,
celle de voir la section d’art décoratif prendre chaque année une
importance plus grande dans nos Salons. C’est là, nous semble-t-il,
qu’est l’avenir de l’art français ; sachons reconnaître l’aurore nais-
sante et donnons lui le meilleur de nos vœux et de notre espoir.

HENRI FRANTZ
 
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