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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
qui ont eu lieu récemment à la New Gallery. Malheureusement, dans
beaucoup de cas, on ne s’est pas attaché avec assez de soin à la sélec-
tion de ces œuvres, dont les plus parfaites auraient seules dû être
exposées. On montrait là au public trop de morceaux de troisième
ordre, chose qu’on expliquait en disant que les belles pièces ita-
liennes disparaissent de plus en plus. Nous ne savons que trop, hélas,
quelles pertes a subies dernièrement l’Angleterre, dépouillée dechefs-
d’œuvrc tels que leTitien de Cobham Hall, le Rembrandt et le Botticelli
de lord Ashburnham, le Raphaël du musée de Kensington, le Ghirlan-
dajo prêté à la National Gallery, depuis des années, par M. Willett et
les Albert Durer maintenant à Berlin. Souvenons-nous,, néanmoins,
qu’il y a encore de nombreux tableaux vénitiens à Alnwick et que
Rridgcwater ITouse possède à elle seule cinq œuvres admirables du
Titien, dont aucune n’est sortie depuis longtemps de sa cachette, œu-
vres qui sont à peu près inconnues de la majorité des amateurs d’art.
Sans nous arrêter à la liste des pièces inédites que l’auteur de cet
article espère pouvoir présenter aux lecteurs de la Gazette des Beaux-
Arts dans des articles ultérieurs, souvenons-nous encore des collec-
tions de Panshanger, de Gosford, de Dorchéster llouse, de Hertford
House et de beaux tableaux italiens des collections plus récentes
de M. Benson, de sir Francis Cook et de M. Ludwig Mond.
Mais d’autres changements sont survenus depuis les études de
Waagen. Les méthodes de critique ne sont plus les mêmes qu’il y a
cinquante ans. Il y a quelque temps, la Quarterly Review définissait
la critique d’art moderne dans les termes suivants : « La nouvelle
science est toujours jeune, mais elle a déjà survécu à la première
phase du ridicule et de l’opposition, et elle nous donne chaque jour
des preuves nouvelles de sa vitalité. Morelli est généralement re-
connu comme le Darwin de cette nouvelle branche de la science de
l’évolution, et la connaissance de ses œuvres est considérée comme
indispensable à tous ceux qui veulent se livrer à une étude systéma-
tique de la peinture italienne. En France, en Angleterre, en Italie
et même en Amérique, ses disciples appliquent ses méthodes à l’étude
de maîtres individuels et déduisent de ses théories des conséquences
qu’ils appliquent dans des directions variées. Partout de vieilles
erreurs sont rectifiées et de nouveaux faits réunis, et un faisceau
de renseignements utiles se trouve composé pour l’avenir. » Puis,
pour affirmer davantage les progrès que l’Angleterre a accomplis
en ce sens, l’auteur de l’article énumère des écrits variés, tels que
la traduction par miss Ffoulkes des livres de Morelli, les articles
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
qui ont eu lieu récemment à la New Gallery. Malheureusement, dans
beaucoup de cas, on ne s’est pas attaché avec assez de soin à la sélec-
tion de ces œuvres, dont les plus parfaites auraient seules dû être
exposées. On montrait là au public trop de morceaux de troisième
ordre, chose qu’on expliquait en disant que les belles pièces ita-
liennes disparaissent de plus en plus. Nous ne savons que trop, hélas,
quelles pertes a subies dernièrement l’Angleterre, dépouillée dechefs-
d’œuvrc tels que leTitien de Cobham Hall, le Rembrandt et le Botticelli
de lord Ashburnham, le Raphaël du musée de Kensington, le Ghirlan-
dajo prêté à la National Gallery, depuis des années, par M. Willett et
les Albert Durer maintenant à Berlin. Souvenons-nous,, néanmoins,
qu’il y a encore de nombreux tableaux vénitiens à Alnwick et que
Rridgcwater ITouse possède à elle seule cinq œuvres admirables du
Titien, dont aucune n’est sortie depuis longtemps de sa cachette, œu-
vres qui sont à peu près inconnues de la majorité des amateurs d’art.
Sans nous arrêter à la liste des pièces inédites que l’auteur de cet
article espère pouvoir présenter aux lecteurs de la Gazette des Beaux-
Arts dans des articles ultérieurs, souvenons-nous encore des collec-
tions de Panshanger, de Gosford, de Dorchéster llouse, de Hertford
House et de beaux tableaux italiens des collections plus récentes
de M. Benson, de sir Francis Cook et de M. Ludwig Mond.
Mais d’autres changements sont survenus depuis les études de
Waagen. Les méthodes de critique ne sont plus les mêmes qu’il y a
cinquante ans. Il y a quelque temps, la Quarterly Review définissait
la critique d’art moderne dans les termes suivants : « La nouvelle
science est toujours jeune, mais elle a déjà survécu à la première
phase du ridicule et de l’opposition, et elle nous donne chaque jour
des preuves nouvelles de sa vitalité. Morelli est généralement re-
connu comme le Darwin de cette nouvelle branche de la science de
l’évolution, et la connaissance de ses œuvres est considérée comme
indispensable à tous ceux qui veulent se livrer à une étude systéma-
tique de la peinture italienne. En France, en Angleterre, en Italie
et même en Amérique, ses disciples appliquent ses méthodes à l’étude
de maîtres individuels et déduisent de ses théories des conséquences
qu’ils appliquent dans des directions variées. Partout de vieilles
erreurs sont rectifiées et de nouveaux faits réunis, et un faisceau
de renseignements utiles se trouve composé pour l’avenir. » Puis,
pour affirmer davantage les progrès que l’Angleterre a accomplis
en ce sens, l’auteur de l’article énumère des écrits variés, tels que
la traduction par miss Ffoulkes des livres de Morelli, les articles