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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
périodiques de M. Claude Phillips, de Mme Mary Logan et, par-dessus
tout, les publications de M. Bernhard Berenson.
Parmi les cénacles qui ne nous ont pas seulement familiarisés
avec les trésors des galeries privées, mais qui ont aussi soutenu la
science des connaisseurs, aucun n’a fait davantage que le Burling-
ton Fine Arts Club, dont les expositions, depuis plusieurs années,
ont toujours atteint au niveau d’excellence qu’exigent les études
scientifiques. Ici, mieux que partout ailleurs à Londres, des expo-
sitions ont été formées et étudiées avec de véritables principes de
critique. De plus, la publication de catalogues raisonnés et illustrés
n’a fait qu’accroître encore le bénéfice de ces expositions, pour ceux
qui s’intéressent d’une manière sérieuse à l’art. D’ailleurs, l’énergie
du comité ne s’est pas bornée à organiser ces expositions. Tout der-
nièrement, par exemple, on a demandé au président et au Conseil de
la Boyal Academy l’autorisation de photographier le grand carton
de Léonard de Vinci qui se trouve dans la Diploma Gallery de Bur-
lington House. Cette autorisation fut gracieusement octroyée1, et l’in-
térêt qu’a soulevé cette publication nous engage à présenter aux
lecteurs de la Gazette des Beaux-Arts quelques observations sur
l’histoire de cette œuvre magistrale.
I
Il peut sembler curieux qu’une œuvre aussi remarquable ne
soit pas plus connue. Mais ceux qui sont familiarisés avec l’étude de
l’humanité dans ses rapports avec l’art ne s’étonnent pas de voir
demeurer dans l’oubli les plus grands chefs-d’œuvre mêmes. Depuis
179t, où le carton se trouve être en possession de la Boyal Academy,
on ne lui accorda qu’une faible attention, et, depuis la première
partie de ce siècle, il est à peiné mentionné par les nombreux histo-
riens d’art. Comment se fait-il qu’Amoretti, ou Brown, dans la Vie de
Léonard, ne l’aient même pas nommé? Ottley, dans son École ita-
lienne de dessin, le passe également sous silence, ainsi que Lanzi.
i. En 1876, une photographie de ce carton fut prise par les soins de M. Al-
fred Marks qui, en 1882, fit, au sujet de cette Sainte Anne, une conférence à la
Société Royale de littérature. Celle-ci a été réimprimée; plus loin, nous aurons
l'occasion de revenir d’une manière plus détaillée sur cette publication. La pho-
tographie actuelle (0,69x0,51), due à la maison Hanfstaengl de Munich, est
un grand progrès sur l'ancienne; c’est seulement par l’entremise d’un membre
du club que l’on peut se procurer cette superbe reproduction.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
périodiques de M. Claude Phillips, de Mme Mary Logan et, par-dessus
tout, les publications de M. Bernhard Berenson.
Parmi les cénacles qui ne nous ont pas seulement familiarisés
avec les trésors des galeries privées, mais qui ont aussi soutenu la
science des connaisseurs, aucun n’a fait davantage que le Burling-
ton Fine Arts Club, dont les expositions, depuis plusieurs années,
ont toujours atteint au niveau d’excellence qu’exigent les études
scientifiques. Ici, mieux que partout ailleurs à Londres, des expo-
sitions ont été formées et étudiées avec de véritables principes de
critique. De plus, la publication de catalogues raisonnés et illustrés
n’a fait qu’accroître encore le bénéfice de ces expositions, pour ceux
qui s’intéressent d’une manière sérieuse à l’art. D’ailleurs, l’énergie
du comité ne s’est pas bornée à organiser ces expositions. Tout der-
nièrement, par exemple, on a demandé au président et au Conseil de
la Boyal Academy l’autorisation de photographier le grand carton
de Léonard de Vinci qui se trouve dans la Diploma Gallery de Bur-
lington House. Cette autorisation fut gracieusement octroyée1, et l’in-
térêt qu’a soulevé cette publication nous engage à présenter aux
lecteurs de la Gazette des Beaux-Arts quelques observations sur
l’histoire de cette œuvre magistrale.
I
Il peut sembler curieux qu’une œuvre aussi remarquable ne
soit pas plus connue. Mais ceux qui sont familiarisés avec l’étude de
l’humanité dans ses rapports avec l’art ne s’étonnent pas de voir
demeurer dans l’oubli les plus grands chefs-d’œuvre mêmes. Depuis
179t, où le carton se trouve être en possession de la Boyal Academy,
on ne lui accorda qu’une faible attention, et, depuis la première
partie de ce siècle, il est à peiné mentionné par les nombreux histo-
riens d’art. Comment se fait-il qu’Amoretti, ou Brown, dans la Vie de
Léonard, ne l’aient même pas nommé? Ottley, dans son École ita-
lienne de dessin, le passe également sous silence, ainsi que Lanzi.
i. En 1876, une photographie de ce carton fut prise par les soins de M. Al-
fred Marks qui, en 1882, fit, au sujet de cette Sainte Anne, une conférence à la
Société Royale de littérature. Celle-ci a été réimprimée; plus loin, nous aurons
l'occasion de revenir d’une manière plus détaillée sur cette publication. La pho-
tographie actuelle (0,69x0,51), due à la maison Hanfstaengl de Munich, est
un grand progrès sur l'ancienne; c’est seulement par l’entremise d’un membre
du club que l’on peut se procurer cette superbe reproduction.