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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 5
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Vachon, Marius: Édouard Detaille: lettres et notes personnelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0459

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

l’idéal de Diderot. Elle a peint la guerre telle qu’elle est, parce
qu’elle l’a vue ; et, dans cette représentation exacte, à côté de la
vie, elle a mis l ame, parce qu’elle y a pris part. Tous nos peintres
militaires contemporains ont appartenu à l’armée ; tous ont vécu
de l’existence du soldat, en ont connu les souffrances et les misères,
les ivresses et les gaietés. Le doyen, Protais, assistait au siège de
Sébastopol ; Alphonse de Neuville s’est battu avec courage sous les
murs de Paris, où Berne-Bellecour a conquis la médaille militaire;
Sergent, volontaire dans une compagnie d’infanterie de marine, a
été à Bazeilles, à Sedan, et, après s’être évadé, est revenu se faire in-
corporer dans un bataillon de mobiles de la Seine, avec lequel il a
fait le coup de feu à Buzenval, au Bourget et à Champigny ; Jeanniot,
lieutenant au 23e régiment d’infanterie, a été blessé dans un combat
sur la Moselle ; et les plus jeunes, venus à la vie sociale après la
guerre, ont tous passé par le régiment.

Quant au chef actuel de l’école de peinture militaire, Edouard
Détaillé, dès la déclaration de guerre à l’Allemagne, il avait obtenu
du général Pajol la faveur d’être attaché à son état-major au titre
civil, poursuivre de près les opérations ; il était doublement exempt
du service militaire, comme fils de veuve ayant déjà un frère sous
les drapeaux. Après des courses folles de Metz à Thionville, à Key-
dange et autres points de la frontière, dans le désarroi épouvantable
qui marqua si tristement les débuts de la campagne— où il ne de-
vait pas manquer un bouton de guêtre à nos soldats, •— désespérant
de découvrir son chef, il rentra à Paris et s’engagea dans le 8e ba-
taillon de mobiles, ic compagnie. Maintes fois, il fut de grand’garde
aux avant-postes ; un jour, parti comme éclaireur dans le village de
Bondy, avec quelques camarades, parmi lesquels se trouvait le peintre
du Paty, il ôtait pris entre deux feux; et, fort péniblement, sa petite
bande laissant sur le terrain un mort, ramenant un blessé, il put
rejoindre le gros du bataillon où on l’avait déjà porté comme dis-
paru. Il assista aussi à l’affaire du plateau de Châtillon, et fit le coup
de feu dans les maisons barricadées de Villejuif. En novembre, le
général Appert l’attacha à son état-major, mais en lui laissant la plus
grande liberté pour mettre à exécution son projet d'aller partout et
de tout voir. C’est ainsi qu'il put suivre les opérations du général Du-
crot dans les tragiques journées des batailles de la Marne.

Partout, Détaillé s’était souvenu du mot si expressif de Charlet :
« Le vrai peintre militaire doit tout croquer sous le feu. » Au plus
fort de la bataille du 30 décembre, il dessinait sur ses carnets, de
 
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