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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 6
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Gauthiez, Pierre: Hans Holbein sur la route d'Italie, 1: Lucerne, Altdorf
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0481

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442

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

mettent de connaître mieux Ilolbein à ses débuts, en Suisse. Et
puis-je espérer moi-même apporter à cette étude, grâce au hasard
heureux d’un voyage, une «contribution» modeste? Combien de
fois, à ce musée de Bâle où l'on revient sans se lasser, le visiteur
fervent s’est-il pénétré de Holbein, du Holbein dans sa première
saveur, du Holbein primitif? Le seul nom de Holbein, prononcé
dans une vieille sacristie d’un canton perdu, permettra peut-être
d’éclairer mieux la période de ses débuts. Aussi convient-il de don-
ner ces pages, pour Holbein et pour la ville de Bâle, au moment où
Bâle s’occupe de fêter... Holbein!

Lorsque l’on s’intéresse aux ouvrages des anciens maîtres uni-
quement pour leur valeur d’art, l'importance attribuée par certains
érudits aux trésors des églises peut souvent paraître excessive.
Maintes fois, on ne reconnaît dans ces objets vénérés rien de consi-
dérable pour l’artiste, en dépit de l’enthousiasme bien naturel à la
personne qui les étudia, et l’on ne trouve, dans la collection vantée,
que des reliques plus ou moins précieuses à l’archéologue.

Il arrive néanmoins que l’on découvre encore çà et là, pour
peu que l’on ait l’habitude de voir à fond les pays où l’on s’arrête,
des documents perdus pour l’histoire de l’art, et qui dormaient dans
une bourgade.

Les voyageurs qui font halte dans la petite ville d’Altdorf, capi-
tale du canton d’Uri, sont de plus en plus rares; depuis que la ligne
du Saint-Gothard a dépossédé les voituriers de leur monopole, Alt-
dorf est reléguée au rang de station du deuxième ou du troisième
ordre, sur un parcours où l'on ne songe guère à s’arrêter entre Lu-
cerne et Lugano. Même autrefois, — il y a quinze ans, il y a un
siècle! — les passagers qui traversaient la ville en poste ou en ber-
line regardaient la statue de Guillaume Tell, un assez médiocre
plâtras, admiraient des balcons en fer forgé, les écussons anciens,,
cherchaient le sens des fresques violentes qui bariolaient la grosse
tour; presque jamais on ne montait jusqu’à l’église, retirée sur son
mamelon caillouteux. Et si l’on y entrait, plusieurs lampes de
confrérie, en argent repoussé, consolaient, avec les boiseries remar-
quables de quelques bancs^ les yeux trop déçus par un van Dyck
contestable et par un Carrache vaguement baptisé par un audacieux
anonyme. Pour pénétrer jusqu’au trésor de cette Pfarrkirche, il faut
beaucoup plus de mystère. Ce n’est point ici une de ces églises où
l’on se jette à la tête du visiteur; l’Italie n’est pas loin, à vol d’oiseau;
pour les mœurs, elle est à mille lieues; les sacristains uranais n’ont
 
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