HANS HOLBEIN SUR LA ROUTE D’ITALIE
453
on pouvait voir sur la maison de Schwyber, en face de la fontaine,
près de l’ancien entrepôt, un beau Guillaume Tell en habit rus-
tique. Autour de Lucerne, d’année en année, le crépi cher aux petits
Cantons, ou des ornementations modernes sans style et sans valeur,
recouvrent d’anciennes images et des décors intéressants. Mais rien
ne vaudrait, à coup sûr, la maison Hertenstein, si le pic mis en branle
par le banquier Knorr, en 1825, n’en avait détruit les fragments.
Les fresques de la main de Holbein n’avaient pas seulement
pour ennemis les démolisseurs : le climat, humide et glacé, n’est pas
favorable aux décorations dans la manière italienne ; en outre, le
procédé de Holbein, qui voulait altérer la fresque véritable en substi-
tuant la peinture à l’huile, mal comprise, aux méthodes des anciens
maîtres, ce procédé bizarre et faux dans son principe, ruinait les
ouvrages où on l’appliquait. Les fresques de Bàle, dont Christian
Wursteisen parle avec tant d’admiration1 en 1569, étaient ruinées
dix ans plus tard. Un certain Hans Bokh employait vingt-six se-
maines à les réparer, en travaillant sans trêve2.
Il est impossible de juger, au point de vue de l’art absolu, des
ouvrages qui ont péri comme couleur, et n’existent plus que par
des reproductions médiocres. Telles sont les images conservées par
la bibliothèque de la ville, à Lucerne; elles subsistent au moins
à titre de documents. Elles montrent quelles étaient les idées de
Holbein, alors qu’il composait ses fresques, et quelles influences il
a subies pour le choix de ses sujets3.
PIERRE GAUTHIEZ
(La fin -prochainement.)
1. Epitome hist. Basil., éd. de J 569, p. 250. Peut-être Holbein fut-il engagé à
peindre ses fresques à l’huile parce qu’il avait su des procédés employés par
L. de Vinci, notamment pour la Cène ?
2. Hegner, p. 71.
3. Cf. I.iebenau, Hans Holbein d. J. u. die Fresken, etc., p. 1 à 149, et Das alte
Luzern, p. 134 et suiv.; — D1'Ludwig Hirzel, Vortrag über das Holbeinhaus in Lu-
zern (Kunstverein de Berne) ; — Die Fresken des ehemaligcn Jakob von Hertenstein-
Hauscs in Luzern (Geschichtsfreund, xxviii, 7, 15) ; — His-Heusler, Die ncueren
Forschungen über Hans Holbein, Beitr. zur vaterlandischen Geschichte, Bâle, 1868,
vin, 352; — Lübke, Geschichte der deutschen Renaissance, Stuttgart, 1878, p. 8. —
Hegner, op. cit., p. 117-119 ; — Woltmann, I, 219-218 et II, p. 33 et 240; — S. Vœge-
lin, Façadenmalercien in der Schweiz (Anzeiger f. schw. Altert., 1884, 1885, 1886.
Zürich, in-8°), — et E. La Roche, lu den Wandmalereien, etc., ibid., 1886, p. 2 et
269. Les aquarelles prises en 1825 d’après ces fresques figurent à l'Exposition de
Bâle sous le numéro 154.
453
on pouvait voir sur la maison de Schwyber, en face de la fontaine,
près de l’ancien entrepôt, un beau Guillaume Tell en habit rus-
tique. Autour de Lucerne, d’année en année, le crépi cher aux petits
Cantons, ou des ornementations modernes sans style et sans valeur,
recouvrent d’anciennes images et des décors intéressants. Mais rien
ne vaudrait, à coup sûr, la maison Hertenstein, si le pic mis en branle
par le banquier Knorr, en 1825, n’en avait détruit les fragments.
Les fresques de la main de Holbein n’avaient pas seulement
pour ennemis les démolisseurs : le climat, humide et glacé, n’est pas
favorable aux décorations dans la manière italienne ; en outre, le
procédé de Holbein, qui voulait altérer la fresque véritable en substi-
tuant la peinture à l’huile, mal comprise, aux méthodes des anciens
maîtres, ce procédé bizarre et faux dans son principe, ruinait les
ouvrages où on l’appliquait. Les fresques de Bàle, dont Christian
Wursteisen parle avec tant d’admiration1 en 1569, étaient ruinées
dix ans plus tard. Un certain Hans Bokh employait vingt-six se-
maines à les réparer, en travaillant sans trêve2.
Il est impossible de juger, au point de vue de l’art absolu, des
ouvrages qui ont péri comme couleur, et n’existent plus que par
des reproductions médiocres. Telles sont les images conservées par
la bibliothèque de la ville, à Lucerne; elles subsistent au moins
à titre de documents. Elles montrent quelles étaient les idées de
Holbein, alors qu’il composait ses fresques, et quelles influences il
a subies pour le choix de ses sujets3.
PIERRE GAUTHIEZ
(La fin -prochainement.)
1. Epitome hist. Basil., éd. de J 569, p. 250. Peut-être Holbein fut-il engagé à
peindre ses fresques à l’huile parce qu’il avait su des procédés employés par
L. de Vinci, notamment pour la Cène ?
2. Hegner, p. 71.
3. Cf. I.iebenau, Hans Holbein d. J. u. die Fresken, etc., p. 1 à 149, et Das alte
Luzern, p. 134 et suiv.; — D1'Ludwig Hirzel, Vortrag über das Holbeinhaus in Lu-
zern (Kunstverein de Berne) ; — Die Fresken des ehemaligcn Jakob von Hertenstein-
Hauscs in Luzern (Geschichtsfreund, xxviii, 7, 15) ; — His-Heusler, Die ncueren
Forschungen über Hans Holbein, Beitr. zur vaterlandischen Geschichte, Bâle, 1868,
vin, 352; — Lübke, Geschichte der deutschen Renaissance, Stuttgart, 1878, p. 8. —
Hegner, op. cit., p. 117-119 ; — Woltmann, I, 219-218 et II, p. 33 et 240; — S. Vœge-
lin, Façadenmalercien in der Schweiz (Anzeiger f. schw. Altert., 1884, 1885, 1886.
Zürich, in-8°), — et E. La Roche, lu den Wandmalereien, etc., ibid., 1886, p. 2 et
269. Les aquarelles prises en 1825 d’après ces fresques figurent à l'Exposition de
Bâle sous le numéro 154.