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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 6
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Michel, Émile: Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0494

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FRANÇAIS

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son amour pour ce coin de terre où le vaillant artiste, après son glo-
rieux labeur, repose aujourd’hui parmi les siens.

Né à Plombières, le 17 avril 1814, il appartenait à une famille
honorable et modeste, anciennement fixée dans le pays. On y avait
conservé le vague souvenir de la réputation que plusieurs de ses
membres s’étaient autrefois acquise par leur habileté comme armu-
riers, et, à la lin du siècle dernier, le grand-père du paysagiste, un
lettré, paraît-il, avait été lecteur de la princesse de Lamballe. L'in-
telligence précoce de Louis, sa bonne mine et son courage permet-
taient à ses parents de rêver pour lui, dans le commerce, un avenir
supérieur à celui qu’il pourrait trouver en demeurant auprès d’eux.
Aussi, quand il sut bien lire et qu'il fut en possession de la belle
écriture qu’il conserva toute sa vie, ils l’envoyèrent à Paris avec
trois petits écris dans sa poche et des souliers neufs aux pieds. 11
avait quatorze ans. Habitué jusque-là à la vie libre et vagabonde des
gamins de son âge, il lui fallait maintenant mener dans la grande
ville une existence claquemurée, remplie par la répétition monotone
des menues corvées qui se succèdent dans la journée d’un commis
de magasin. Il était, en effet, entré au service de M. Ménier, libraire,
place de la Bourse, puis de M. Paulin, le futur fondateur de Y Illus-
tration. Au lieu des grands bois et des montagnes qui formaient son
horizon dans les Vosges, il n’apercevait qu'une désolante perspective
de toits et de cheminées, dans la mansarde exiguë qu’il habitait sous
les combles et où il eut à souffrir des gros froids de l'hiver de 1829-
1830. Mais il était plein d’ardeur et ne s’abandonnait pas.

Dès ce moment d’ailleurs, il avait son idée dont il ne se laissa
plus détourner : il voulait être peintre. En ne se réservant que le
strict nécessaire, il trouvait moyen d’économiser sur ses gages —
et quels gages! dix francs par mois — de quoi acheter du papier et
des crayons. Levé dès la pointe du jour, il employait à griffonner
quelques croquis naïfs tout le temps qu’il ne devait pas à son patron.
Dès qu’il eut la somme nécessaire, il commença, dans les heures
matinales, à fréquenter l’académie de Suisse, où il dessinait d’après
le modèle vivant.

François Buloz, chez qui il trouvait ensuite à se caser, avait
été frappé de son intelligence, de l’exactitude et de la rapidité avec
lesquelles le jeune homme s’était acquitté d’une tâche longue et
assez difficile dont il l’avait chargé pour le mettre à l’épreuve. Il
avait voulu se l’attacher, en lui offrant une situation assez avanta-
geuse. Mais Français avait fait ses conditions : il entendait se ré-
 
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