Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Gusman, Pierre: La villa d'Hadrien
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0511

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
470

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

verse, où le terrain rougeâtre est piqué d'herbes rousses, donne le
sentiment d’un désert dont Rome est l’oasis; des buffles aux longues
cornes paissent tranquilles une verdure pelée ; le soleil darde, et sur
le sol nu, dans un pli de terrain, parfois pointent quelques maisons
blanches, les osterie où le vin est trouble et dont les habitants au
teint glabre ont des mines farouches. Mais bientôt quelques arbres
vous mènent sur la piste. Sitôt arrivé à proximité de la villa, on voit
s’élever deux rangées d’ifs de haute stature, placés là comme un
piquet d’honneur. La verdure renaît, la fraîcheur des ombrages
préserve les herbes vertes et un velours émeraude revêt le tronc des
arbres. Vous parcourez, en montant, de belles avenues aux voûtes
ombreuses, qui conduisent à des sites enchanteurs, où une riche flore
a envahi les palais effondrés, où les cactus, les aloès, les pins para-
sols, les ifs et les oliviers se disputent et habitent en maîtres les
impériales demeures.

Il serait difficile de dire exactement quelle destination élait
donnée à chaque monument de cette immense villa, si Spartien,
biographe d’Hadrien, ne nous avait appris que ce prince ht de sa villa
de Tibur une merveille d’architecture, aux différentes parties de
laquelle il donna les noms des sites les plus célèbres du monde
antique : le Lycée, l’Académie, le Prytanée, Canope, le Pœcile et
Tempé; il y ajouta même les Enfers, ne voulant rien oublier.

L’empereur fit de sa villa sa résidence préférée; il semble pour-
tant qu’il m’y habita complètement que peu d’années; il ne quitta le
pouvoir qu’en 135 et, trois ans plus tard, Antonin lui succédait.
Hadrien ne quitta Tibur que malade, pour aller à Baïes, où il finit
ses jours en 138.

Les constructions bizarres de l’empereur ne furent pas du goût
de ses successeurs. Selon les uns, la villa impériale aurait été en-
dommagée même sous Antonin le Pieux, et les marbres précieux
seraient venus enrichir les nouveaux édifices de Rome; selon d’au-
tres, Constantin aurait emporté à Byzance un grand nombre de ses
richesses. Mais ces hypothèses ne reposent sur aucun fondement
sérieux.

La villa est ensuite mentionnée de nouveau en 544, lors de
l’invasion des Goths; elle servit de forteresse et fut ravagée par
Totila. Puis, les habitants de la campagne romaine prirent les ma-
tériaux qu’ils avaient sous la main pour construire églises et palais;
de même, bien des marbres furent broyés pour en faire de la chaux,
comme cela s’est souvent pratiqué à ces époques pour les ruines de
 
Annotationen