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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 6
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Michel, Émile: Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0501

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462

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

est peut-être ce que Français a fait de plus ardent et de plus riche :
un soleil rougeâtre scintille dans les braises des nuées, à travers
des arbres encore privés de feuilles et semés de paillettes d’or1. »
A cette même Exposition de 1855, qui marque le plein épanouisse-
ment du talent de Français, Ed. About trouve que « ses tableaux
sont riants, que sa peinture est jolie fille... Je n’ai jamais vu que
de charmants tableaux de M. Français. Sa composition est presque
toujours heureuse, sa couleur toujours charmante. Dans son tableau,
La Fin de l'hiver, le ciel pétille de lumière; ses Grands blés sont les
plus beaux que j’aie jamais vus : les épis lourds, riches, bien nourris,
font plier leur tige sous le poids2. »

La célébrité, on le voit, était venue à Français et, de plus en
plus, ses œuvres attiraient l’attention de la critique et des gens de
goût. Il comptait déjà, parmi les amateurs, des fidèles, comme M. F.
Hartmann, pour qui il avait peint la Vallée de Munster et qui, depuis
lors, ne cessa plus, d’année en année, d’accroître la collection de
choix qu'il a réunie des œuvres du maître. Encouragé par ces succès,
celui-ci redoublait d’ardeur et d’activité. Ne connaissant pas le repos,
il se délassait d’un travail par un autre. Outre les nombreux motifs
de tableaux que lui fournissait la nature, il sentait parfois le besoin
de résumer, dans quelques ouvrages plus étudiés, les vives impres-
sions que lui suggéraient ses lectures ou les entretiens des hommes
intelligents avec lesquels il frayait. Les représentations de Y Orphée
de Gluck et la noblesse avec laquelle Mmc Viardot interprétait cette
poétique évocation du monde antique l’avaient profondément ému, et
il avait essayé de transposer dans son art l’impression qu’il avait
ressentie, en nous montrant le chantre sublime pleurant, au milieu
de la nuit silencieuse, la perte d’Eurydice : peut-être la composition
à laquelle il avait abouti était-elle un peu sèche, plutôt vide que
désolée. Il était plus heureux dans l’important tableau que lui in-
spirait la pastorale de Daphnis et Chloé. La vallée de Cernay lui en
avait fourni le cadre; mais, autour de ces deux êtres purs et inno-
cents, enlacés, avec un pudique abandon, au-dessus de 1 eau écu-
manto, il s’était plu à grouper, dans le plus joyeux pêle-mêle, toute
la flore rustique des plantes les plus gracieuses : des fougères, des
ronces, des boutons d’or, des reines des prés, des eupatoires, des
roses d’églantier, des coquelicots^ une foule de feuillages et de mi-

d. Th. Gautier, Les Beaux-Arts en Europe en 1855, t. II, p. 137.

2. Edmond About, Voyage à travers l’Exposition des Beaux-Arts, 1855,

p. 120.
 
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