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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0041

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31

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

La vogue leur reste rebelle, à tel point que si, d’aventure, un
joaillier s’avise de faire entrer un camée dans la décoration d'un
bijou quelconque, il se sent obligé de s’ingénier à sertir la gemme
dans une riche et imposante monture, de la dissimuler en quelque
sorte, pour que l’entourage devienne l’ornement principal et que le
camée ne soit que l’accessoire. Un coffret à bijoux, un écrin de luxe,
une bonbonnière, une couverture de livre précieux, tous ces menus
ustensiles, apanage obligé de l’élégance et de la coquetterie, trou-
vent moyen, de notre temps, d’être riches ou gracieux sans l’inter-
vention du camée. Us sont décorés de miniatures, de fleurons
émaillés ou ciselés, de filigranes délicats, de guillochages exquis,
mais jamais plus de ces sardonyx multicolores sur lesquelles se dé-
tachent des scènes ou des portraits gravés en relief. Bref, le dia-
mant, les pierres précieuses, les perles ont chassé le camée ; le goût
moderne, dans toutes ses manifestations, répudie ce favori du luxe
antique ; il n'est plus à la mode.

Ainsi en était-il déjà au commencement de ce siècle, alors que,
pourtant, les modes pompéiennes, en se substituant à celles du
xviii0 siècle, avaient créé un art, un style, un goût, qui rappelaient
la Rome des Césars. Sous cette influence antique, Napoléon avait eu,
en 1808, Ridée de faire composer pour l’impératrice Joséphine, qui
aimait beaucoup les camées, une parure de gemmes prélevées sur la
collection du Cabinet des médailles. Une commission, régulièrement
nommée par le ministre de l'Intérieur et présidée par le grand ma-
réchal du Palais, Duroc, s’étant transportée à la Bibliothèque,
choisit quatre-vingt-deux camées ou intailles plus particulièrement
propres à la parure qu’on se proposait d’exécuter : on les incorpora au
mobilier de la Couronne. Vingt-quatre de ces camées furent montés
par Nitot, en une parure composée d’un diadème, d’un collier, d’un
peigne, de pendants d’oreilles, d’un médaillon et de bracelets. Mais,
en dépit du choix spécial qui avait été fait et de l’habileté reconnue
du joaillier, malgré même les deux mille deux cent soixante-quinze
perles qui entouraient les camées, cette parure fut jugée d’un effet
peu heureux : l’impératrice dut renoncer à la porter1.

1. Pour les détails de cette affaire, voir Germain Bapst, Histoire des Joyaux de
la Couronne, p. 587, et notre Catalogue des Camées, Introduction, p. clxix. Sans
tenir suffisamment compte des idées du temps ni surtout de la tradition sécu-
laire qui faisait considérer les monuments conservés au Cabinet du roi comme
appartenant au roi, on a récemment porté un jugement injuste sur 1 acte d’auto-
rité que nous venons de rapporter. Nous pourrions citer nombre d’exemples de
 
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