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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
époque : le nu des personnages est seul peint; la draperie, entière-
ment dorée, reste lisse. Du xve siècle également, une petite boîte à
reliques, plate et carrée, munie d'une chaînette de suspension. Décoré
sur une face des images gravées des saints dont il contenait les reli-
ques, ce petit cncolpion porte sur l’autre face, en beaux caractères
gothiques, cette curieuse inscription : « Ces saintes reliques furent
données de Madame Marie de France à Jehan Nicolas, son orfèvre,
le jour de VAscenpcion Notre-Seigneur, mil cccc et xim1 ».
D’époque plus récente, une plaque ciselée et dorée est un beau
spécimen d’une branche de l’orfèvrerie portée à la perfection à
Lille au siècle dernier ; elle est attribuée à l’orfèvre lillois Baudoux,
qui avait ciselé des portes de tabernacle remarquables pour plusieurs
églises de la ville.
Le musée n’est guère riche en émaux peints, et la collection
de Vicq n’en possède que quelques-uns et de basse époque ; le meil-
leur est une petite Vierge de Laudin, à paillons irisés. Par contre, la
série des ivoires de la même collection contient une pièce autrement
importante. C’est le beau diptyque du xive siècle et de travail fran-
çais qui, de l’ancienne collection Soltykoff, avait passé dans celle de
M. de Vicq. Cet ivoire a déjà été étudié par M. E. Molinier2; rappe-
lons seulement qu’il présente l’histoire du Nouveau Testament, de
l’Annonciation au Couronnement de la Vierge, c’est-à-dire plus com-
plètement que dans la plupart des monuments de ce genre ; de plus,
notre diptyque a conservé en partie son ancienne polychromie, fort
discrète d’ailleurs, et qui ne s’appliquait qu’à certains endroits des
bas-reliefs.
Le musée ne possède qu’un ivoire important ; c’est le poly-
ptyque provenant de l’ancienne collection Ozenfant et déjà décrit dans
la Gazette par feu Darcel3. 11 n’est pas d’un travail fort délicat, mais
il a le mérite d’avoir conservé son ancienne polychromie, très im-
portante, bien que non totale4.
Les arts du métal ayant toujours été fort cultivés dans la région,
1. Ce petit reliquaire fut trouvé par Mg1'Dehaisnes dans une armoire de la
sacristie de l’église d’Arleux (Nord).
2. Album archéologique des Musées de province. Paris, 1890, p. 39, pl. v.
3. 2e période, t. XI, p. 88. — Cf. Dehaisnes, Histoire de l'Art en Flandre, Lille,
1886, p. 187 (av. pl.). Dans cet ouvrage, Mgr Dehaisnes croyait à l’origine flamande
de cette pièce; il est revenu depuis sur cette opinion et y reconnaît un travail
méridional. (Cf. Le Nord..., p. 161.)
4. Dans les pièces de petites dimensions de la même série, on peut citer un
petit manche de couteau en os, trouvé récemment dans les fortifications d’Arras,
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époque : le nu des personnages est seul peint; la draperie, entière-
ment dorée, reste lisse. Du xve siècle également, une petite boîte à
reliques, plate et carrée, munie d'une chaînette de suspension. Décoré
sur une face des images gravées des saints dont il contenait les reli-
ques, ce petit cncolpion porte sur l’autre face, en beaux caractères
gothiques, cette curieuse inscription : « Ces saintes reliques furent
données de Madame Marie de France à Jehan Nicolas, son orfèvre,
le jour de VAscenpcion Notre-Seigneur, mil cccc et xim1 ».
D’époque plus récente, une plaque ciselée et dorée est un beau
spécimen d’une branche de l’orfèvrerie portée à la perfection à
Lille au siècle dernier ; elle est attribuée à l’orfèvre lillois Baudoux,
qui avait ciselé des portes de tabernacle remarquables pour plusieurs
églises de la ville.
Le musée n’est guère riche en émaux peints, et la collection
de Vicq n’en possède que quelques-uns et de basse époque ; le meil-
leur est une petite Vierge de Laudin, à paillons irisés. Par contre, la
série des ivoires de la même collection contient une pièce autrement
importante. C’est le beau diptyque du xive siècle et de travail fran-
çais qui, de l’ancienne collection Soltykoff, avait passé dans celle de
M. de Vicq. Cet ivoire a déjà été étudié par M. E. Molinier2; rappe-
lons seulement qu’il présente l’histoire du Nouveau Testament, de
l’Annonciation au Couronnement de la Vierge, c’est-à-dire plus com-
plètement que dans la plupart des monuments de ce genre ; de plus,
notre diptyque a conservé en partie son ancienne polychromie, fort
discrète d’ailleurs, et qui ne s’appliquait qu’à certains endroits des
bas-reliefs.
Le musée ne possède qu’un ivoire important ; c’est le poly-
ptyque provenant de l’ancienne collection Ozenfant et déjà décrit dans
la Gazette par feu Darcel3. 11 n’est pas d’un travail fort délicat, mais
il a le mérite d’avoir conservé son ancienne polychromie, très im-
portante, bien que non totale4.
Les arts du métal ayant toujours été fort cultivés dans la région,
1. Ce petit reliquaire fut trouvé par Mg1'Dehaisnes dans une armoire de la
sacristie de l’église d’Arleux (Nord).
2. Album archéologique des Musées de province. Paris, 1890, p. 39, pl. v.
3. 2e période, t. XI, p. 88. — Cf. Dehaisnes, Histoire de l'Art en Flandre, Lille,
1886, p. 187 (av. pl.). Dans cet ouvrage, Mgr Dehaisnes croyait à l’origine flamande
de cette pièce; il est revenu depuis sur cette opinion et y reconnaît un travail
méridional. (Cf. Le Nord..., p. 161.)
4. Dans les pièces de petites dimensions de la même série, on peut citer un
petit manche de couteau en os, trouvé récemment dans les fortifications d’Arras,