Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Maindron, Maurice: Une page sur les arts décoratifs de l'Inde, 2: la céramique et les émaux
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0076

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
68

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des siècles, ils se succèdent de père en fils et se transmettent les pra-
tiques de cet art si compliqué et si délicat1.

L’art de l’émailleur est donc presque complètement confiné à
Djeypour et dans le Penjab d’où les Sicks l’ont répandu en quelques
régions de l’Inde centrale, sans toutefois avoir jamais livré les
secrets de la fabrication des matières premières. C’est de Laliore
que les émailleurs font tous venir ces émaux bruts qu’ils reçoivent
en masses vitreuses et opaques élaborées parles verriers (:manikars)
musulmans. Les plus habiles émailleurs, qui sont ceux de Djeypour,
se reconnaissent eux-mêmes incapables de préparer ces émaux.
Cependant, depuis quelques années, un ou deux orfèvres de Lahore
sont venus se fixer à Djeypour où ils manipulent leurs matières
premières. Mais, ce qui est très fâcheux, l’industrie européenne a
réussi à se créer des débouchés jusque dans le Radpoutana, de telle
sorte que les artistes de Djeypour se servent souvent de nos pro-
duits ; et cela pour obtenir des résultats absolument détestables qui
devraient les maintenir dans les principes essentiels de la fabrica-
tion indigène. Tout ce que l’Europe touche ou influence, en Inde,
dans quelque branche d’art que ce soit, perd du coup à ce contact
ses meilleures qualités. Les bleus français, employés à Djeypour, ont
produit les plus mauvais effets. Et il n’y a pas là à arguer, comme le
font nos industriels, de l'incompétence des ouvriers hindous, car on
peut dire, sans parti pris, qu’il n’y a nulle part, à Paris non plus
qu’ailleurs, d’émaillcur capable de rivaliser avec ceux de Djeypour
et d’établir ce plat extraordinaire, offert au prince de Galles, et
qui, par ses dimensions comme par son travail, demeure le type de
productions telles qu’on ne pourra jamais les surpasser. «Même à
Paris, a dit Birwood, on ne peut émailler l’or en tons rubis ou corail,
vert émeraude ou bleu saphir, bleu turquoise, comme à Djeypour,
Lahore, Bênarès et Luknow. »

Dans les émaux indiens, le parti décoratif, la beauté du dessin,
sont à la hauteur de la perfection de la technique et de la beauté des
couleurs ; ces qualités existent dans les œuvres modernes comme
dans les œuvres les plus anciennes. Mais dans celles-ci se retrou-
vent les éléments ornementaux primitifs, que ce soient des motifs
géométriques, des entrelacs, des palmes ou des pyramides avec
oiseaux affrontés, les fleurs typiques comme la marguerite assy-

1. Cf. Hendley, Memorials of Jeypore Exhibition ; — l'article de M. E. Senart
paru ici même (3e pér., t. III, p. 47) ; — S.-S. Jacob et H. Hendley, Jeypore
Enamels, Londres, 1886, in-f°.
 
Annotationen