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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0094

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86

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

En tous lieux, il ne cessera d’observer, de noter passionnément, y prenant
chaque fois, on le sent, un plaisir nouveau, les gestes, les attitudes, les scènes qui
charment ses yeux. Chaque page du beau livre de M. Yachon est illustrée de ces
croquis sincères, pris sur le vif, caressés avec amour, dont l’intérêt se double
du rapprochement qu’on en peut faire avec les tableaux — reproduits hors texte
—• auxquels ils servirent de base.

Et ainsi se succèdent, au cours de ces quarante-cinq années, sans jamais
sembler monotones, tant l'accent en est ému toujours, — quelques-uns, déplacé
en place, marquant d’un jalon glorieux la roule parcourue, apportant à leur
auteur un succès et des honneurs mérités. — tant de poèmes à la louange de la
vie rustique, dont nous ne citerons que les plus populaires : Les Glaneuses et Le
Lendemain de la Saint-Sébastien (1835) ; La Bénédiction clés blés, du musée du
Luxembourg (1857) ; La Plantation d'un calvaire, du musée de Lille (1859); Le
Rappel des glaneuses, du musée du Luxembourg (1859) ; Le Soir et Les Sarcleuses
(1861) ; La Fête du grand-père (1862) ; La Fin de la journée (1865) ; La Moisson et
Le Retour des champs (1867; ; La Récolte des pommes de terre (1868) ; le Grand Par-
don breton (1869) ; La Fontaine (1872), qui lui vaut la médaille d'honneur ; Les
Feux de la Saint-Jean (1875) ; La Raccommodeuse de fdets, du musée de Douai
(1876) ; La Glaneuse, du musée du Luxembourg (1877) ; Le Soir dans les hameaux
du Finistère (1881) ; Les Premières communiantes et Le Chant de l'alouette (1884) ;
Le Dernier rayon (1885) ; La Fin du travail (1887) ; L'Étoile du berger (1888) ;
L'Appel du soir (1889) ; Le Pardon de Kcrgoat (1891) ; Les Dernières glanes (1895) ;
La Moisson des œillettes (1897), etc.

On peut, remarque M. Yachon, distribuer ces tableaux en quatre séries
générales : Travail, Repos, Fêtes champêtres, Fêtes religieuses. C’est, tout le cycle
de l'humble mais saine et tranquille existence des laboureurs qui se trouve ainsi
parcouru et retracé sous ces aspects de sérénité, de bonheur simple et vrai, de
religieuse grandeur, que ne se rappellent pas sans une douce émotion tous ceux
dont les premières années se sont écoulées à la campagne, en pleine nature
maternelle et douce, et dont les souvenirs d’enfance sont restés pour toujours
embaumés de la bonne odeur des champs, illuminés de la joie des fêtes rustiques
et familiales.

« Tableaux paisibles, secrète volupté, charme exquis ! » s’exclame le peintre,
à la fin d'une description de sa chère plaine de Courrières. C’est, en trois mots,
tout le caractère de son œuvre. M. Vaehon en fait justement l’ob-ervation : bien
différent de celui de Jean-François Millet, né au bord de la mer houleuse, sous
un ciel gris, dans un pays âpre et désolé, et dont les créations grandioses et
austères portent l'empreinte d’une vie peu clémente, l'œuvre de M. Jules flreton
raconte une existence calme et heureuse dans un pays de douceur et d’aisance
tendrement chéri, témoigne d’une âme souriante, satisfaite de ces bonheurs
modestes qu'a chantés un poète.

O naître ! ô vivre ! ô s’endormir dans son village !

a-t-il écrit lui-même. Il ne voit pas, ne veut pas voir le côté dur, sombre et laid
des choses ; dans tous ses tableaux, rien de grossier, de violent, de tragique, de
douloureux ou seulement de triste, peu de personnages masculins. Plus sensible
a la grâce qu’au caractère, son esprit est porté vers des êtres et des aspects plus
 
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