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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
déjà un petit acompte en 166i, reçoit 1.300 livres, dans les mômes
conditions que Lcrambert et pour quatre figures de même destina-
tion1. L’éloge académique de Buyster, mort en 1688, fournit quelques
details : « Notre sculpteur, dit Gu il let de Saint-Georges, eut beau-
coup de part aux ouvrages de Versailles. Dans le jardin proche de la
fontaine d’Apollon, sur les angles des palissades qui s’y terminent,
on voit huit figures de pierre, chacune haute de sept pieds, qui
furent faites en 1665. Quatre de ces figures sont de M. Buyster, et
de ces quatre il y en a deux qui représentent des satyres et deux
qui représentent des hamadryades ou nymphes des bois et des eaux.
Les quatre autres figures sont de M. Lcrambert, qui a été adjoint à
professeur dans l'Académie 2. » Voici, d’autre part, les figures de
Lerambert indiquées dans un document analogue, son éloge par
le même historiographe de l’Académie, qui est presque toujours
exact : « L’une représente le dieu Pan, qui tient un cornet à
bouquin ; la seconde., une hamadryade qui danse ; la troisième, une
nymphe avec un tambour de basque, et la quatrième, un faune ou
dieu des forêts. Il avait composé des vers enjoués, qui devaient être
écrits au bas de chaque figure ; mais on s’est contenté d’y mettre son
nom, et on a pu le faire à sa gloire, puisqu’en effet ces figures ont
été estimées de tous les connaisseurs 3 ». Ce passage rappelle les
goûts littéraires de l’académicien Louis Lerambert, né au Louvre,
élevé au milieu des objets d’art, comme fils du garde des marbres
et figures antiques du roi Louis XIII, et l’un des meilleurs amis de
Le Brun et de Le Nôtre. Lerambert, mort dès 1670, après avoir été
associé par ses amis à la décoration de Vaux et à celle de Versailles,
a laissé dans le parc des œuvres célèbres et même populaires : une
partie des groupes d’enfants de l’Allée d’eau, et les sphinx de marbre
montés par des Amours de bronze, qui furent longtemps en haut des
degrés de Latone. Ses œuvres primitives, antérieures à celles-ci de
quatre ou cinq ans à peine, devaient avoir une partie de leurs qua-
lités de noblesse et de grâce sérieuse.
Tout l’ensemble de figures de pierre réuni autour du grand
rondeau était encore en place au commencement de 1693 ; il fut
transporté alors dans le jardin du Palais-Royal, où Le Nôtre faisait
1. Comptes, t. I, col. 79. Le « grand rondeau » est celui qui deviendra plus
tard le bassin d’Apollon.
2. Mémoires inédits, t. 1, p. 288. Buyster a fait à Versailles, en 1671 et 1672,
d'autres figures décoratives en pierre, pour les nouvelles façades de Le Vau.
3. Mémoires inédits, t. I, p. 333.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
déjà un petit acompte en 166i, reçoit 1.300 livres, dans les mômes
conditions que Lcrambert et pour quatre figures de même destina-
tion1. L’éloge académique de Buyster, mort en 1688, fournit quelques
details : « Notre sculpteur, dit Gu il let de Saint-Georges, eut beau-
coup de part aux ouvrages de Versailles. Dans le jardin proche de la
fontaine d’Apollon, sur les angles des palissades qui s’y terminent,
on voit huit figures de pierre, chacune haute de sept pieds, qui
furent faites en 1665. Quatre de ces figures sont de M. Buyster, et
de ces quatre il y en a deux qui représentent des satyres et deux
qui représentent des hamadryades ou nymphes des bois et des eaux.
Les quatre autres figures sont de M. Lcrambert, qui a été adjoint à
professeur dans l'Académie 2. » Voici, d’autre part, les figures de
Lerambert indiquées dans un document analogue, son éloge par
le même historiographe de l’Académie, qui est presque toujours
exact : « L’une représente le dieu Pan, qui tient un cornet à
bouquin ; la seconde., une hamadryade qui danse ; la troisième, une
nymphe avec un tambour de basque, et la quatrième, un faune ou
dieu des forêts. Il avait composé des vers enjoués, qui devaient être
écrits au bas de chaque figure ; mais on s’est contenté d’y mettre son
nom, et on a pu le faire à sa gloire, puisqu’en effet ces figures ont
été estimées de tous les connaisseurs 3 ». Ce passage rappelle les
goûts littéraires de l’académicien Louis Lerambert, né au Louvre,
élevé au milieu des objets d’art, comme fils du garde des marbres
et figures antiques du roi Louis XIII, et l’un des meilleurs amis de
Le Brun et de Le Nôtre. Lerambert, mort dès 1670, après avoir été
associé par ses amis à la décoration de Vaux et à celle de Versailles,
a laissé dans le parc des œuvres célèbres et même populaires : une
partie des groupes d’enfants de l’Allée d’eau, et les sphinx de marbre
montés par des Amours de bronze, qui furent longtemps en haut des
degrés de Latone. Ses œuvres primitives, antérieures à celles-ci de
quatre ou cinq ans à peine, devaient avoir une partie de leurs qua-
lités de noblesse et de grâce sérieuse.
Tout l’ensemble de figures de pierre réuni autour du grand
rondeau était encore en place au commencement de 1693 ; il fut
transporté alors dans le jardin du Palais-Royal, où Le Nôtre faisait
1. Comptes, t. I, col. 79. Le « grand rondeau » est celui qui deviendra plus
tard le bassin d’Apollon.
2. Mémoires inédits, t. 1, p. 288. Buyster a fait à Versailles, en 1671 et 1672,
d'autres figures décoratives en pierre, pour les nouvelles façades de Le Vau.
3. Mémoires inédits, t. I, p. 333.