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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 2
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Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0111

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des écoles artistiques de la Grèce de se transporter à Rome pour les
graver. C’est ainsi que le Cilicien Dioscorides et ses trois fils, Euty
chès, Herophilus et Hyllus, puis Aspasius, Pamphile, Evodus et vingt
autres, dont nous avons les noms et quelques œuvres signées,
affluèrent en Italie, appelés par les ancêtres et les précurseurs des
Paul II,, des Laurent de Médicis et des Léon X.

Il n’est pas indispensable de supposer que les plus belles œuvres
de ces artistes célèbres aient été appliquées, à titre de bas-reliel's
décoratifs, sur les parois de quelque précieux coffret ou bibelot.
Pourquoi ne pourrait-on admettre, par exemple, que les plus grands
des camées du Musée impérial de Vienne, consacrés à glorifier les
premiers Césars ; que le grand camée de La Haye, qui représente
le triomphe de Claude et de Messaline ; que le grand camée du
Cabinet de France, qui célèbre les exploits guerriers et la mort de
Germanicus ou celui (n° 265 du Catalogue) qui représente ce même
général romain emporté au ciel sur un aigle, comme Ganymède
(fig. 1), — pourquoi ne pas admettre, dis-je, que ces camées,
aussi étonnants par leurs dimensions insolites que par l’exécution
technique, aient été admirés pour eux-mêmes et non pas seulement
comme ornements accessoires de meubles, d’ustensiles ou de pro-
duits quelconques de l’orfèvrerie? Dans mon opinion, ils ont été
exécutés pour être eux-mêmes des monuments commémoratifs et
indestructibles d’événements importants, pour rappeler de mémo-
rables épisodes de la vie de personnages vénérés par leurs proches
ou leurs amis. Sans aucun doute, ils furent d’abord les joyaux les
plus illustres de la dactyliothèque des Césars, et peut-être même de
pieux ex-voto déposés dans quelque sanctuaire de Rome. Et pourquoi
n’en eût-il pas été ainsi dès l’origine, c’est-à-dire dès le temps où ces
géants de la glyptique furent exécutés, puisque c’est le rôle dont nous
les trouvons investis aussitôt que leur histoire devient tangible pour
la critique moderne ?

Tout le monde connaît, par exemple, l'histoire du Grand Camée
du Cabinet des médailles. Constantin le transféra de Rome à Cons-
tantinople, lors de la fondation de cette dernière ville, et là, nous le
reconnaissons, sous un déguisement chrétien, pieusement vénéré
pour lui-même, entouré d’une monture émaillée où figurent les
quatre Evangélistes, et solennellement porté dans les processions
comme représentant le triomphe de Joseph, fils de Jacob, à la cour
de Pharaon. On sait qu’il garda cette attribution byzantine après que
l’empereur Baudouin II l’eut donné à saint Louis, et que ce dernier
 
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