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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Bouyer, Raymond: Eugène Boudin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0132

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EUGÈNE BOUDIN

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core de visées mystiques ou décoratives. Alors, l'évolution n’était pas
terminée; restaient des harmonies inédites. Boudin est le pins loyal
de ces véristes, qui ont décrassé la réalité la plus humble, ne craignant
pas de se brouiller avec le bitume, auxiliaire fatigué de l’idéal. Et
quel plus beau prétexte à jeux lumineux que la mer, que bonde
incessamment fuyante et changeante, où l’ombre fluide du nuage
obscurcit le flot qui se creuse? Boudin sait les gris exquis, la fraî-
cheur argentine et matinale; par la seule vertu des blancs et des

LE VIEUX BASSIN DE DUNKERQUE, PAH BOUDIN

noirs, il narre le rêve réel, Je drame pittoresque. Il appartient à la
délicate famille de ceux qui tintent d’argent, Willem van de Velde,
Bonington à Venise, le Corot des La Rochelle et de la Sainte, qui
prouvait que «tout est blond dans la nature », Anton Mauve à ses
moments heureux, Manet en deux ou trois Marines à peine glau-
ques, — nacre et perle. C’est un «harmoniste», comme disait Bau-
delaire du maître Corot. C’est l’antithèse de Boulard et des coloristes,
qui ont repris l’offensive : mais la nature n’est-elle pas un poème
assez large pour autoriser toutes les traductions? Celle de Boudin
revendique la finesse. Ses ciels frais baignent l’horizon crayeux.
L’azur blond paraît déchiqueté de nuages ou tamisé de grasses
brumes. Au loin, des fumées s’estompent. Un Tronville, entre tous,
 
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