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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 2
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Dukas, Paul: "Fidelio"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0154

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

M. Vergnet no tire pas grand parti de l’air si beau de Florestan
et paraît fort embarrassé de recouvrer la liberté au dernier tableau ;
mais il lui reste encore quelque chose de sa jolie voix d’antan.
M. Carbonne et M,le Laisné font un Jacquino et une Marcelline
suffisants, sans plus. Même dans les parties de demi-caractère
d'une telle œuvre, il faut une largeur de style à laquelle le réper-
toire habituel du théâtre les a sans doute mal préparés. On en peut
dire autant des chœurs, qui chantent l’admirable, le grandiose
finale comme une strette quelconque d’opéra-comique.

L’orchestre, par contre, est excellent, et relève sensiblement
le niveau général de l’interprétation. C’est à lui, d’ailleurs, que
Beethoven a confié le plus beau rôle de son opéra, c’est en lui que
s’agite souvent le drame véritable. Tel accent de hautbois, telle mélo-
die de cor ou de basson, tel dessin de second violon ou de violoncelle
ont plus d’importance expressive, à certains moments, que la voix.
Ce qui n’empêche pas celle-ci de devoir garder toujours la prépondé-
rance. La tâche délicate de maintenir en équilibre ces éléments
divers est accomplie par M. Messager d’une manière remarquable.
Et dès qu’il est seul en présence de sa phalange d’instrumentistes,
il en sait obtenir de superbes résultats : témoin l’exécution qu’il nous
a donnée, entre les deux premiers actes, de la grande ouverture de
Léonore, synthèse sublime de ce drame, tout de pure passion, de
religieuse humanité.

PAUL DURAS
 
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