Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Saunier, Charles: Les conquêtes artistiques de la Révolution et de l'Empire et les reprises des alliés en 1815, 2
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0175

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
164

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

recourra aux vieilles haines révolutionnaires. Malheur aux princes qui accueil-
lirent autrefois les émigrés, à leur généralissime surtout, le duc de Brunswick.

Certes, le Musée continue à recevoir les chefs-d’œuvre absolus, ceux dont il
serait difficile de masquer l’origine ; mais combien de statues, de tableaux, de
bibelots disparaissent, qui devraient au moins parvenir dans ses magasins !

Ce n’est cependant pas manque de zèle de ses administrateurs. A nulle
époque il n’en eut de plus ardents et de plus éclairés. L'active commission de
l’an II avait cependant disparu. Elle avait été en partie renouvelée en 1797. Le
conseil du Musée était alors composé de: Léon Dufourny, administrateur;Foubert,
adjoint; Lavallée, secrétaire; Le Brun, commissaire-expert, près desquels fonc-
tionnait une commission de cinq artistes : Jollain, Hubert Robert, Suvée, Pajou,
WaillyL Mais Napoléon revenu d’Égypte, vainqueur d’Italie, tout-puissant, met
là, comme ailleurs, ses créatures. Ses choix sont, pour le Musée, particulièrement
heureux.

Comme directeur général il choisit Vivant-Denon2. Aux Antiques, il place
Visconti. Lavallée, dont le zèle est déjà notoire, conserve ses fonctions de secré-
taire. Ce sont ces hommes qui, jusqu’à la Restauration, veilleront à la grandeur
du Musée.

Si les vies deDenonet de Visconti sont connues, celle de Louis-Antoine Lavallée
ne l’est pas du tout. C’est en vain que l’on cherche son nom dans les grands
recueils biographiques. Sans M. Eudoxe Marcille qui, ayant acquis en 1880, pour
le musée d’Orléans, son portrait par Prud’hon, lui consacra, en 1886, une courte
notice dans les Comptes rendus des réunions des sociétés des Beaux-Arts des Dépar-
tements, on ne saurait rien. Encore cette notice, qui ne parle que du fonction-
naire, est-elle muette sur les antécédents de Lavallée.

Grâce à un état du personnel du Musée, à la date de l’an V, dont la minute
est conservée aux Archives des Musées Nationaux, nous pouvons cependant les
connaître. Voici, dans toute leur éloquente simplicité, les états de service qui lui
avaient donné droit à la place qu’il occupa jusqu’à sa destitution, prononcée en
1816 par les Bourbons :

Atiianase3 Lavallée, 29 ans, secrétaire, célibataire, entré le 1er pluviôse an V.

Imprimeur, depuis employé à la commission du Mobilier national, deux campagnes
volontaires, l’une dans la Belgique, l’autre dans la Vendée. Ensuite employé à l’Assis-
tance publique. Exempté du service aux armées par arrêté du Directoire exécutif. Du
10 prairial an IV au 13 vendémiaire, employé à la Commission d’instruction publique.
A fourni la note exigée par la loiL

Voilà, certes, des états de service aussi honorables pour le patriote que pour
le fonctionnaire. Il remplit ses nouvelles fonctions de secrétaire général du Musée
avec une ardeur, un courage qui, comme on le verra, ne se démentiront jamais.

Aussi, Napoléon, qui tenait aux gens de valeur, le maintint-il, l’Empire pro-
clamé, dans ses fonctions.

1. Archives des Musées Nationaux. Foubert, Hubert Robert, de Wailly. Pajou, éiaient déjà en fonctions
en floréal an III.

2. 28 brumaire, an XI.

3. M. Marcille lui donne comme prénoms : Louis-Antoine.

4. Le même état contient la liste des gardiens du Musée. On y trouve un ancien facteur des postes ; un
vieux modèle, le sr Bidaull, 57 ans, ex-modèle de l’Académie de peinture, et d’anciens suisses et frotteurs des
Tuileries et de Versailles. Avec la Révolution, ils n’avaient fait que changer de livrée.
 
Annotationen